Maroc : une mère de famille meurt dans un puits, la série noire relance le débat


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Puit
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Au Maroc, une nouvelle tragédie frappe une famille après la mort d’une mère tombée dans un puits non sécurisé. Ce drame, qui ravive le souvenir du petit Rayan et d’autres victimes, remet en lumière la prolifération de puits abandonnés et insuffisamment protégés dans les zones rurales, ainsi que l’urgence d’une action coordonnée des autorités.

Un nouveau drame endeuille le Maroc. Une mère de famille a trouvé la mort après avoir chuté dans un puits, venant tristement allonger la liste des accidents similaires qui frappent régulièrement le royaume. Cette tragédie rappelle douloureusement les nombreux cas d’enfants victimes de ces infrastructures dangereuses ces dernières années.

Un accident qui ravive des souvenirs douloureux

Rayan, décédé au Maroc
Le petit Rayan mort dans un puits au Maroc

Cette nouvelle disparition fait écho à plusieurs drames qui ont marqué l’opinion publique marocaine. Le cas le plus médiatisé reste celui du petit Rayan, 5 ans, décédé en février 2022 après être tombé dans un puits de 32 mètres à Tamorot, près de Chefchaouen. Malgré une mobilisation exceptionnelle et des opérations de secours suivies par le monde entier pendant cinq jours, l’enfant n’avait pu être sauvé.

Quelques mois plus tard, en septembre 2022, c’était au tour d’Aïcha, une fillette de 3 ans, de perdre la vie dans des circonstances similaires dans la province de Sidi Kacem. Ces tragédies à répétition ont profondément marqué la société marocaine et soulevé des questions cruciales sur la sécurisation de ces ouvrages.

Des puits abandonnés devenus pièges mortels

Le Maroc compte des milliers de puits, souvent creusés de manière artisanale pour l’irrigation agricole ou l’approvisionnement en eau. Beaucoup sont abandonnés suite à l’assèchement des nappes phréatiques ou à l’arrivée de l’eau courante. Non couverts, mal signalés, parfois dissimulés par la végétation, ils constituent autant de dangers potentiels.

Les zones rurales sont particulièrement concernées. Dans ces régions où l’agriculture reste une activité dominante, les puits prolifèrent sans qu’un recensement exhaustif n’existe. Leur profondeur peut atteindre plusieurs dizaines de mètres et leur étroitesse rend les opérations de secours extrêmement complexes et périlleuses.

Une mobilisation citoyenne et institutionnelle insuffisante

Après le drame de Rayan, les autorités marocaines avaient promis un recensement national des puits abandonnés et leur sécurisation. Notemment par le lancement des campagnes de sensibilisation appelant les propriétaires terriens à protéger ces ouvrages. Pourtant, les accidents continuent de se produire, révélant l’ampleur du défi et l’absence de prise en main sérieuse par le gouvernement de Mohammed VI.

Les associations de protection civile et les élus locaux pointent plusieurs obstacles : le coût de la sécurisation pour des propriétaires souvent modestes, l’absence de cartographie précise des puits existants, et le manque de moyens des collectivités territoriales pour mener des actions systématiques.

L’urgence d’une action coordonnée

Face à la récurrence de ces drames, les voix s’élèvent pour réclamer une action plus énergique. Les solutions existent : dalle de béton, grillage métallique solide, signalisation claire. Le coût unitaire reste modeste comparé au prix humain de l’inaction.

Cette émotion collective doit maintenant se transformer en action durable pour protéger les vies humaines. Le Maroc ne peut se résoudre à voir se répéter ces tragédies qui endeuillent des familles et bouleversent la nation entière.

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Ali Attar est un spécialiste reconnu de l'actualité du Maghreb. Ses analyses politiques, sa connaissance des réseaux, en font une référence de l'actualité de la région.
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