
L’émissaire américain Steve Witkoff a annoncé le 19 octobre sur CBS que Washington œuvre activement pour un accord de paix entre le Maroc et l’Algérie dans les 60 prochains jours. Cette déclaration intervient alors que les relations diplomatiques sont rompues depuis 2021 et que le contentieux du Sahara occidental continue de diviser les deux pays. Avec l’appui de l’Arabie saoudite, cette médiation pourrait transformer l’équilibre géopolitique du Maghreb.
Le Maroc et l’Algérie, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis août 2021, pourraient-ils bientôt conclure un rapprochement historique ? À en croire les récentes déclarations d’un émissaire américain, les discussions sont bel et bien en cours, avec l’appui discret mais stratégique des États-Unis et de l’Arabie saoudite.
Depuis le 24 août 2021, le Maroc et l’Algérie ont mis fin à leurs relations diplomatiques, suite à une décision d’Alger, motivée par une série d’« actes hostiles » attribués à Rabat. Cette rupture s’est accompagnée d’une fermeture des frontières terrestres et aériennes, renforçant une tension régionale déjà marquée par le contentieux du Sahara occidental, principal point de friction entre les deux pays. Malgré cette situation, les liens culturels, humains et économiques entre les peuples marocain et algérien demeurent profonds. Beaucoup d’observateurs considèrent que la normalisation des relations serait non seulement bénéfique pour les deux nations, mais aussi pour la stabilité de toute la région du Maghreb.
Vers un accord de paix Maroc-Algérie ?
C’est dans ce contexte qu’est intervenue une déclaration forte de Steve Witkoff, émissaire de Donald Trump pour le Moyen-Orient. Invité de l’émission 60 Minutes sur CBS aux côtés de Jared Kushner, Witkoff a affirmé : « Nous y travaillons actuellement, et un accord de paix sera conclu dans les deux prochains mois ». Selon lui, un accord de paix entre le Maroc et l’Algérie pourrait être annoncé dans les 60 jours, une perspective qui a immédiatement attiré l’attention des médias internationaux et des observateurs politiques au Maghreb.
Cette déclaration américaine intervient dans un contexte diplomatique marqué par des signaux encourageants. En effet, le roi Mohammed VI du Maroc et le Président Abdelmadjid Tebboune d’Algérie ont récemment reçu des messages du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, signe probable d’une médiation tripartite en cours. L’Arabie saoudite, acteur influent au sein du monde arabe et allié stratégique des États-Unis, semble jouer un rôle discret mais significatif dans les efforts de rapprochement. Ce soutien pourrait peser lourd dans la balance pour rétablir le dialogue entre Rabat et Alger.
Les États-Unis et la question du Sahara occidental
Le Sahara occidental, territoire disputé depuis des décennies, reste au cœur des désaccords. Le Maroc propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, soutenu par Washington depuis 2020, tandis que l’Algérie défend le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Malgré cette divergence, les États-Unis affichent une volonté claire de désamorcer le conflit. Messaad Boulos, conseiller de Donald Trump pour l’Afrique, a récemment souligné, lors d’un entretien accordé à Al Arabiya, l’importance de trouver une solution pacifique et durable à cette question.
L’objectif américain semble être la stabilisation du Maghreb pour en faire une zone de prospérité et de coopération, et ainsi contrer les influences étrangères dans la région, notamment russes et chinoises. Pour le Maroc et l’Algérie, la relance économique pour la région serait particulièrement bénéfique.
Un rapprochement fragile, mais porteur d’espoir
En effet, la réouverture des frontières permettrait de relancer les échanges commerciaux, notamment dans les zones frontalières longtemps sinistrées. Ce rapprochement pourrait donner un nouveau souffle à l’Union du Maghreb arabe (UMA), aujourd’hui paralysée. Dans un contexte régional marqué par l’instabilité au Sahel et en Libye, une entente Alger-Rabat renforcerait la sécurité collective. Les deux puissances africaines, pourraient unir leurs efforts pour défendre des intérêts communs sur le continent et sur la scène internationale.
Malgré ces perspectives encourageantes, la prudence reste de mise. Les tensions historiques, les différends idéologiques et les enjeux géopolitiques rendent tout rapprochement délicat. Il faudra des gestes symboliques forts, de la volonté politique, et surtout, un cadre de négociation équitable respectueux des souverainetés. Mais le simple fait que des discussions soient en cours, avec la médiation active de puissances comme les États-Unis et l’Arabie saoudite, est déjà une avancée significative.