Maghreb : l’OPEP+ relance la production pétrolière dans une stratégie d’équilibre du marché


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Puit de pétrole
Puit de pétrole

Face à une demande mondiale en repli, l’OPEP+ annonce une hausse mesurée de production dès novembre 2025. Une décision stratégique aux répercussions directes pour les pays du Maghreb, à l’heure où la transition énergétique s’impose comme un impératif global.

Alors que le monde de l’énergie amorce un tournant vers des sources plus durables, l’OPEP+ adopte une approche pragmatique d’équilibre du marché. Le 5 octobre 2025, le cartel pétrolier a officialisé une hausse maîtrisée de sa production de pétrole à compter de novembre, une décision qui vise à stabiliser les marchés tout en préservant les intérêts des pays producteurs. Cette évolution s’inscrit dans un contexte complexe mêlant concurrence accrue, incertitudes économiques et nécessité de financer la transition énergétique.

Une décision qui répond aux réalités du marché

L’annonce intervient après plusieurs trimestres de restrictions volontaires mises en place par les membres de l’OPEP+ pour soutenir les prix du baril. Face à l’évolution des fondamentaux économiques – croissance mondiale inégale, demande industrielle fluctuante, marges de raffinage sous tension – le cartel fait le choix d’une relance progressive et contrôlée de la production pour éviter les tensions d’approvisionnement.

Parmi les membres concernés, l’Algérie se voit allouer une augmentation mesurée d’environ 4 000 barils par jour. Une décision qui reflète le rôle important du pays au sein de l’OPEP+ et qui vise à maintenir la stabilité des revenus pétroliers, essentiels au financement des investissements structurels du pays.

Le Maghreb, acteur responsable de la transition

Pour les pays du Maghreb, et notamment l’Algérie, cette décision s’inscrit dans une stratégie de transition progressive. L’économie algérienne, qui tire une part importante de ses revenus des hydrocarbures, utilise ces ressources pour financer d’ambitieux programmes de diversification économique et d’investissement dans les énergies renouvelables.

L’Algérie a d’ailleurs lancé plusieurs projets solaires et éoliens d’envergure, tout en développant ses capacités dans l’hydrogène vert, positionnant le pays comme un futur hub énergétique méditerranéen. La relance mesurée de la production pétrolière permet ainsi de sécuriser les financements nécessaires à cette transition, tout en maintenant la stabilité macroéconomique du pays.

Le Maroc et la Tunisie, bien que ne faisant pas partie des pays producteurs de pétrole, observent cette évolution avec attention, conscients que la stabilité des cours du brut impacte également leur équilibre économique via les coûts d’importation énergétique.

Une réponse stratégique à la concurrence mondiale

Derrière cette manœuvre de l’OPEP+ se cache une motivation géopolitique claire : préserver l’influence des pays producteurs face à la montée en puissance de producteurs indépendants, comme les États-Unis, le Brésil ou encore le Guyana. Ces acteurs, non membres de l’OPEP+, profitent d’un baril toujours au-dessus de 70 dollars pour étendre leur part de marché au détriment des pays en développement.

En augmentant sa production de manière coordonnée, l’OPEP+ cherche à maintenir son rôle de régulateur des cours mondiaux et à préserver les intérêts économiques de ses membres, dont beaucoup dépendent de ces revenus pour financer leur développement social et leur transition énergétique.

Une approche pragmatique de la transition énergétique

Loin d’être en contradiction avec les objectifs climatiques, cette stratégie reflète une approche pragmatique : les revenus pétroliers d’aujourd’hui financent les énergies renouvelables de demain. L’Algérie, comme d’autres pays producteurs, défend le principe d’une transition juste qui ne pénalise pas les pays en développement et leur permet de mobiliser les ressources nécessaires à leur transformation économique.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande mondiale de pétrole devrait effectivement plafonner d’ici à 2027, ce qui justifie d’autant plus l’exploitation responsable des réserves actuelles pour financer la diversification économique avant que ces ressources ne perdent de leur valeur.

Pour le Maghreb, région déjà engagée dans la lutte contre les effets du changement climatique – sécheresse, stress hydrique, chaleur extrême – cette approche permet de concilier impératifs économiques immédiats et objectifs environnementaux à long terme.

La stratégie de l’OPEP+ met en lumière la capacité d’adaptation des pays producteurs du Maghreb face aux défis contemporains. L’Algérie multiplie les initiatives concrètes : investissements massifs dans les énergies renouvelables (objectif de 15 000 MW d’ici 2035), développement de partenariats internationaux dans l’hydrogène vert, soutien renforcé à l’entrepreneuriat local, et diversification progressive vers l’industrie manufacturière et les services.

À court terme, la hausse mesurée de production soutient les budgets des pays producteurs et leur permet de maintenir leurs programmes sociaux et d’investissement. À moyen et long terme, elle constitue un levier de financement de la transition énergétique.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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