
La Banque africaine de développement vient d’exprimer son soutien appuyé aux grands projets structurants de l’Algérie, marquant le retour du pays vers le financement international après des années d’autofinancement. De la Transsaharienne ferroviaire au programme massif de dessalement, en passant par la transformation industrielle des ressources naturelles, l’institution panafricaine reconnaît dans la stratégie algérienne un modèle de développement pour le continent. Cette nouvelle dynamique, portée par une capacité d’exécution nationale impressionnante, pourrait redéfinir les équilibres économiques régionaux.
Infrastructures ferroviaires : l’Algérie se positionne comme hub régional
Le projet phare de la Transsaharienne ferroviaire illustre parfaitement cette nouvelle ambition. Avec sa première étape reliant Laghouat à El Meniaa sur 495 kilomètres, ce corridor de 2 000 kilomètres entre Alger et Tamanrasset représente un axe stratégique de désenclavement du Sahara et d’ouverture vers les pays du Sahel, transformant radicalement les perspectives économiques de toute la région.
L’objectif de doubler le réseau ferroviaire actuel pour atteindre 10 000 kilomètres d’ici 2030 témoigne d’une planification à grande échelle. Cette expansion permettra notamment de rendre viable l’exploitation des immenses ressources minières sahariennes – fer, zinc, or, terres rares – actuellement pénalisées par des distances de transport de près de 2 000 kilomètres jusqu’aux ports. Les trains de marchandises circulant à 220 km/h révolutionneront la logistique régionale.
Une expertise nationale qui impressionne
L’Algérie a développé une capacité d’exécution exceptionnelle sur le continent africain, construisant 950 kilomètres de voies ferrées en seulement 24 mois avec une expertise entièrement nationale. Cette maîtrise technique s’étend à l’ensemble de la chaîne industrielle, de la conception aux équipements lourds. Le pays produit désormais près de 90% de ses équipements électriques, incluant turbines et générateurs.
Cette montée en compétences s’accompagne d’une volonté de transformation industrielle profonde. Comme l’affirme le ministre Mohamed Arkab : « Nous ne pouvons plus accepter d’exporter nos matières premières à l’état brut ! » L’objectif de porter la transformation locale des hydrocarbures de 30% à 60% d’ici 2035, soutenu par un programme d’investissement de 60 milliards de dollars sur la période 2025-2029, illustre cette détermination.
Dessalement et transition énergétique : un modèle algérien pour l’Afrique
Face à six années de sécheresse persistante dans la région méditerranéenne, l’Algérie a lancé un programme massif de dessalement d’eau de mer. Avec 19 stations opérationnelles et cinq nouvelles unités de 300 000 m³/jour en construction, le pays vise à couvrir 60% de ses besoins nationaux par le dessalement d’ici 2030. La station Fouka 2, mise en service en 2025 après moins de deux ans de travaux, symbolise cette capacité d’exécution rapide.
L’expertise algérienne en matière de gaz pétrole liquéfié (GPL), qui alimente 75% des ménages, offre un modèle transposable pour accélérer la transition énergétique propre en Afrique. Cette solution, développée localement, pourrait contribuer significativement à la réduction de la déforestation sur le continent.
BAD–Algérie : un partenariat stratégique pour le développement africain
Le président de la Banque africaine de développement, Sidi Ould Tah, ne cache pas son enthousiasme : « L’ambition du gouvernement algérien, la qualité de ses projets et la capacité d’exécution nationale en font un partenaire central pour l’Afrique ». Cette reconnaissance internationale, marquée par le retour de l’Algérie vers le financement extérieur après des années d’autofinancement, ouvre de nouvelles perspectives de coopération.
Les projets algériens s’inscrivent parfaitement dans la vision des « Quatre points cardinaux » de la BAD : localisation de la valeur ajoutée, industrialisation, souveraineté minière et montée en puissance des capacités africaines. Cette transformation en profondeur, menée avec une expertise nationale croissante et une vision régionale affirmée, positionne l’Algérie comme un acteur incontournable du renouveau infrastructurel africain.




