
Face au vieillissement accéléré et à l’érosion durable de la natalité en France, les flux migratoires jouent un rôle structurant, en particulier ceux issus du Maghreb, historiquement liés à l’Hexagone.
La France entre dans une nouvelle ère démographique. Longtemps portée par une natalité dynamique, l’Hexagone voit aujourd’hui sa croissance ralentir à un niveau historiquement bas. Au 1ᵉʳ janvier 2025, la population française n’a progressé que de 169 000 personnes, un chiffre inédit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans ce contexte, l’immigration, et notamment celle en provenance du Maghreb, s’impose comme un levier central du maintien démographique et économique du pays.
L’immigration, pilier discret mais décisif de la démographie
Le constat est sans appel : la croissance naturelle de la population française s’essouffle. La baisse continue du nombre de naissances, conjuguée au vieillissement accéléré de la population, réduit mécaniquement l’écart entre naissances et décès. Selon les démographes, ce phénomène n’est plus conjoncturel mais structurel. Sans apport extérieur, la France se rapprocherait dangereusement d’une stagnation démographique, voire d’un déclin à moyen terme. Cette réalité place le débat migratoire au cœur des enjeux de société, bien au-delà des considérations politiques.
Les données de l’Ined montrent que le solde migratoire positif, estimé à 152 000 personnes, compense désormais presque intégralement la faiblesse de la croissance naturelle. En clair, sans immigration, la France ne croîtrait quasiment plus. Aujourd’hui, le pays compte environ 7,7 millions d’immigrés. Un chiffre souvent mal compris, d’autant plus qu’un tiers de ces personnes ont acquis la nationalité française, témoignant d’un processus d’intégration ancien et profond. Loin d’être marginal, l’apport migratoire structure la société française contemporaine.
Le Maghreb, une immigration historique en mutation
Le Maghreb demeure une région clé dans les flux migratoires vers la France. L’Algérie et le Maroc figurent toujours parmi les premiers pays d’origine des immigrés, suivis par la Tunisie. Cette présence s’inscrit dans une histoire commune marquée par les liens coloniaux, linguistiques et culturels. Toutefois, le poids relatif du Maghreb tend à diminuer progressivement. Non pas en raison d’un recul des flux, mais du fait d’une diversification croissante des origines migratoires.
L’Europe du Sud, avec le Portugal et l’Italie, reste bien représentée, tandis que de nouvelles régions du monde prennent une place plus visible. Les dynamiques migratoires récentes reflètent étroitement l’actualité internationale. En 2023, près de 347 000 nouveaux arrivants ont été enregistrés, un chiffre influencé par de grands événements tels que la guerre en Ukraine ou l’instabilité en Afghanistan. Ces crises redessinent la carte migratoire européenne et renforcent le rôle d’accueil de la France. Elles contribuent aussi à modifier le profil des migrants, désormais plus diversifié en termes d’âge, de parcours et de compétences.
Des migrants de plus en plus qualifiés
Contrairement aux idées reçues, les nouveaux entrants présentent un niveau de formation en nette progression. Les statistiques révèlent une augmentation constante de la part des diplômés de l’enseignement supérieur parmi les immigrés récents. Cette évolution concerne aussi les pays du Maghreb, où l’élévation du niveau d’éducation favorise des migrations qualifiées, notamment dans les secteurs de la santé, de l’ingénierie et du numérique.
Dans un pays confronté à des pénuries de main-d’œuvre et à un vieillissement de sa population active, cet apport constitue un enjeu économique important. Au-delà des chiffres, la question démographique engage l’avenir du modèle social français. Retraites, financement des services publics, dynamisme économique : tous ces équilibres reposent sur une population active suffisante. Dans ce cadre, le lien entre la France et le Maghreb conserve une importance stratégique.





