
L’association Français·es à Part Entière organise le 21 juin une journée de débats à l’Hôtel de Ville de Paris pour questionner le paradoxe des genres musicaux antillais : populaires dans le monde, méconnus en France métropolitaine.
À l’occasion de la Fête de la Musique, l’association Français·es à Part Entière (FAPE) invite le public parisien à une réflexion inédite sur les musiques ultramarines. Intitulée « Nos musiques, leur succès : rayonnement, marché… et effacement ? », cette journée marathon du samedi 21 juin (10h-18h) à l’Auditorium de l’Hôtel de Ville interrogera un paradoxe troublant : comment des genres aussi populaires que le zouk, le bouyon ou le shatta peuvent-ils faire danser la planète tout en restant sous-représentés dans les médias et institutions culturelles français ?
Un plateau d’exception pour explorer la richesse musicale antillaise
Les organisateurs ont réuni un plateau de premier plan mêlant artistes confirmés et nouvelles voix. Jocelyne Béroard, figure emblématique de Kassav’ et première chanteuse antillaise à recevoir un disque d’or, apportera son regard historique sur l’évolution du zouk depuis les années 1980. Les musiciens Miguel Octave et Guigs, le chercheur Julien Dalle, le producteur Blaise Mendjiwa viendront enrichir les débats de leurs expertises respectives.
La nouvelle génération sera représentée par les voix montantes Noor-Sharina, Valéry-Ann Edmond Mariette et Lemwakast, témoins de la vitalité créative actuelle des musiques caribéennes. Ensemble, ils partageront leurs analyses sur l’histoire, l’économie et l’avenir de ces expressions musicales ultramarines trop souvent reléguées aux marges de la programmation hexagonale.
Un programme pensé entre réflexion et célébration
La journée s’articulera autour de moments forts combinant projections inédites et débats d’experts :
09h45 – Accueil du public
10h00 – Projection-débat La fabuleuse histoire de la musique guadeloupéenne
12h05 – Brunch convivial
13h30 – Projection-débat La vraie histoire du zouk
15h10 – Avant-première de la série WISH
17h15 – Cocktail de clôture
Cette programmation alterne moments de découverte patrimoniale et regards contemporains, offrant un panorama complet de ces musiques en constante évolution.
Cet événement s’inscrit dans la saison culturelle « Les RDV FAPE 2025 », série d’actions portée par l’association fondée en 2021 par Jessica Loemba Dosso, Keyza Nubret et Amina Bacar. L’organisation, qui œuvre pour « favoriser l’émergence de profils et de projets pour plus d’égalité et d’équité », entend « entretenir la fraternité entre toutes les composantes de la France et des Outre-mer » dans un esprit de multiculturalisme assumé.
Le paradoxe des musiques antillaises : succès planétaire, invisibilité hexagonale
La problématique soulevée touche au cœur d’un phénomène complexe. Alors que le zouk, inventé par Kassav’ dans les années 1980, a conquis l’Afrique, l’Amérique latine et une partie de l’Europe, ses héritiers contemporains — shatta martiniquais, bouyon dominiquais — peinent à trouver leur place dans les médias français. Pourtant, ces genres connaissent un essor remarquable sur les plateformes numériques et inspirent des artistes hexagonaux, comme en témoignent les succès récents de collaborations mêlant rap français et sonorités caribéennes.
Le shatta, né dans les quartiers de Fort-de-France en Martinique, se caractérise par ses tempos plus lents que le dancehall jamaïcain dont il s’inspire. Le bouyon, originaire de la Dominique dans les années 1980, fusionne soca, zouk et dancehall avec des éléments électroniques pour créer une musique d’une énergie débordante. Ces genres, portés par une nouvelle génération d’artistes, questionnent les codes établis tout en s’exportant vers l’international.
Enjeux contemporains : entre appropriation et reconnaissance
La journée abordera des questions cruciales pour l’avenir de ces musiques : comment assurer une juste reconnaissance aux créateurs antillais alors que leurs innovations inspirent le mainstream ? Comment dépasser les clichés exotisants qui cantonnent ces expressions au registre festif ? Quelle place pour les langues créoles dans un paysage audiovisuel français encore largement monolingue ?
Ces interrogations résonnent particulièrement dans un contexte où des artistes comme Aya Nakamura intègrent des sonorités antillaises sans toujours collaborer avec les scènes locales, soulevant des questionnements légitimes sur l’appropriation culturelle.
Informations pratiques
- Date : Samedi 21 juin 2025, 10h-18h
- Lieu : Auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris, 5 rue Lobau, 75004 Paris
- Entrée libre sur inscription via le formulaire HelloAsso en ligne