
Le Rwanda et les États-Unis viennent de poser les bases d’un partenariat stratégique. Trinity Metals a signé une lettre d’intention avec la société américaine Nathan Trotter, marquant un tournant dans la structuration de la filière étain entre les deux pays.
Cette initiative marque le premier jalon d’une future chaîne d’approvisionnement directe entre le Rwanda et les États-Unis pour ce minerai stratégique. En toile de fond, les ambitions américaines de relocalisation industrielle se croisent avec la volonté rwandaise de s’imposer comme un hub minier régional.
L’étain rwandais dans le viseur américain
L’étain, utilisé dans l’électronique et les technologies vertes, fait partie des minerais critiques pour l’industrie mondiale. Dans un contexte de compétition géopolitique pour la sécurisation des ressources, les États-Unis multiplient les partenariats avec des pays africains jugés stables et stratégiques. Le Rwanda, avec ses importantes réserves et sa volonté d’attirer des investissements, est devenu une cible prioritaire. La lettre d’intention signée le 13 mai dernier par Trinity Metals et Nathan Trotter témoigne d’un rapprochement soutenu par le Bureau des ressources énergétiques du Département d’État américain.
Fondée en 2022, Trinity Metals est rapidement devenue un pilier du secteur minier rwandais. Elle contrôle plusieurs mines des fameux « 3T » : étain, tungstène et tantale, et possède notamment la plus grande mine d’étain du pays, située à Rutongo, au nord de Kigali. Ce gisement renfermerait plus de 54 000 tonnes de minerai. Soutenue majoritairement par Techmet, une société basée à Dublin, Trinity Metals bénéficie aussi d’un appui américain : l’an dernier, la DFC (U.S. International Development Finance Corporation) lui a accordé un financement de 3,8 millions de dollars.
Une diplomatie minière au service de la paix régionale
Ce rapprochement économique ne se limite pas au seul domaine industriel. Il s’inscrit dans un cadre diplomatique plus large. Les États-Unis tentent en effet de faciliter un dialogue entre le Rwanda et la RDC, dont les relations sont tendues, notamment à cause des ressources naturelles de l’Est congolais. Le projet Trinity-Nathan Trotter s’intègre ainsi dans une stratégie américaine à double détente : sécuriser les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques tout en consolidant des alliances régionales capables de stabiliser la région des Grands Lacs.
La signature de cette lettre d’intention pourrait annoncer une reconfiguration partielle du marché mondial de l’étain. En diversifiant ses partenaires, le Rwanda se donne les moyens de réduire sa dépendance à certains circuits d’exportation traditionnels, tout en consolidant sa position sur la scène minière internationale. Du côté américain, cette démarche participe à l’ambition de réduire les vulnérabilités stratégiques, en favorisant l’importation directe de minerais essentiels depuis des pays partenaires triés sur le volet. Si cette alliance aboutit à un accord final, elle pourrait ouvrir la voie à d’autres coopérations similaires entre pays africains et industries occidentales en quête de sécurité et de traçabilité.