Six pays, dont la RDC et le Rwanda, s’engagent à Doha pour la paix dans les Grands Lacs


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Payal Kagame, Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi
Payal Kagame, Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi

Dans une avancée diplomatique majeure pour l’avenir de la région des Grands Lacs, six pays — la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda, le Qatar, le Togo, les États-Unis et la France — ont signé ce mercredi 30 avril à Doha une déclaration multilatérale en faveur des efforts de paix dans l’Est de la RDC. Cette rencontre s’inscrit dans la continuité du sommet trilatéral du 18 mars dernier, qui avait réuni dans la capitale qatarie les chefs d’État congolais, rwandais et qatari autour de la médiation de Doha.

Depuis la rencontre entre Félix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame, à Doha, le 18 mars 2026 sous l’égide de l’émir du Qatar, ce pays multiplie les actions en faveur du retour de la paix dans l’est de la RDC. Jusqu’à la signature, le 23 avril, d’une déclaration commune entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23, suivie deux jours plus tard d’une « Déclaration de principes » signée, cette fois-ci, par la RDC et le Rwanda, sous les auspices des États-Unis. La déclaration multilatérale de ce mercredi est donc le troisième document important signé en l’espace de sept jours sur le même problème de la guerre à l’est de la RDC.

Un engagement renouvelé pour la paix et la stabilité

Réunis une nouvelle fois à l’invitation du Qatar, les ministres des Affaires étrangères et les représentants diplomatiques des six pays ont exprimé leur volonté commune de promouvoir la stabilité, la paix et le développement économique dans la région des Grands Lacs, secouée depuis plusieurs années par une insécurité persistante. Au cœur des discussions, la situation explosive dans l’est de la RDC, théâtre d’affrontements répétés entre les Forces armées congolaises et le mouvement rebelle AFC/M23 (Alliance Fleuve Congo/Mouvement du 23 mars).

Les participants ont exprimé leur vive inquiétude face à l’aggravation de la crise humanitaire, appelant à une action urgente, coordonnée et durable pour répondre aux besoins des populations affectées. Ils ont souligné que la paix ne saurait être atteinte sans une réponse humanitaire à la hauteur, combinée à un engagement politique sincère de toutes les parties.

La déclaration commune du 23 avril unanimement saluée

L’un des temps forts de cette réunion a été l’annonce d’une avancée significative : l’accueil favorable de la déclaration conjointe entre la RDC et l’AFC/M23, signée avec l’appui du Qatar, le 23 avril 2025. Ce document vise à instaurer un cessez-le-feu immédiat, garantissant ainsi un accès sécurisé pour l’acheminement de l’aide humanitaire, tout en créant les conditions d’une désescalade des violences sur le terrain.

Les pays présents ont salué cette étape importante, tout en appelant à un approfondissement du dialogue entre les parties. Ils ont réaffirmé que seule une approche inclusive, traitant les causes profondes du conflit — inégalités économiques, marginalisation politique, tensions intercommunautaires — pourra conduire à une paix durable dans la région. Un accueil enthousiaste qui ne doit pas faire perdre de vue que le cessez-le-feu souhaité par l’accord signé à Doha n’est pas obtenu sur le terrain où les armes continuent de crépiter tant au Nord qu’au Sud-Kivu. Une situation qui fait ressortir un large fossé entre les déclarations d’intentions signées sur papier et la réalité des faits sur le théâtre des opérations.

Soutien aux initiatives régionales et internationales

Néanmoins, faisant preuve d’un optimisme à toute épreuve, les participants à la réunion de Doha ont également mis en lumière les progrès obtenus à l’échelle continentale. Ils ont salué les conclusions du sommet conjoint EAC-SADC (Communauté d’Afrique de l’Est et Communauté de développement d’Afrique australe), tenu le 8 février 2025 à Dar es Salaam, qui avait jeté les bases d’une coordination régionale plus efficace face aux défis sécuritaires. Par ailleurs, l’implication croissante de l’Union africaine dans les efforts de médiation a été soulignée comme un facteur de stabilité. La médiation conduite par le Président togolais, Faure Essozimna Gnassingbé, a été particulièrement saluée pour son rôle d’équilibre dans un processus diplomatique délicat.

Autre jalon notable du processus de paix salué par les six nations : la « Déclaration de principes » signé, le 25 avril à Washington. Un texte censé établir un cadre de confiance et de coopération visant à consolider le cessez-le-feu et à définir une feuille de route vers une sortie de crise pacifique.

Les six pays ont également insisté sur l’importance de respecter les résolutions pertinentes de l’Union africaine et des Nations Unies, ainsi que les principes fondamentaux de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale.

Le rôle du Qatar salué

L’État du Qatar, hôte de cette réunion diplomatique de haut niveau, a été unanimement salué pour son engagement constant dans la facilitation du dialogue entre les parties. Son rôle de médiateur discret mais actif est perçu comme déterminant pour faire avancer les négociations dans un climat de confiance.

Enfin, les représentants des six pays ont réaffirmé leur volonté de poursuivre le dialogue et de renforcer les efforts collectifs pour un avenir pacifique et stable dans la région des Grands Lacs. Ils ont appelé à une mobilisation internationale continue afin de garantir la pérennité de cette dynamique de paix, et d’accompagner les initiatives locales et régionales déjà en cours.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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