Rwanda, sortie de la CEEAC : Kigali accuse la RDC de manipulation


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Le Président Paul Kagame indexé par le FBI
Le Président rwandais, Paul Kagame

Le ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Olivier Nduhungirehe, a vivement critiqué l’utilisation persistante par la République démocratique du Congo (RDC) des forums régionaux et internationaux pour cibler le Rwanda, malgré les négociations de paix actuellement en cours entre les deux pays.

Dans un message publié dimanche matin sur X, quelques heures après l’annonce par le ministère des Affaires étrangères du retrait du Rwanda de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), Nduhungirehe a qualifié d’« incroyables et inacceptables » les accusations récurrentes de la RDC à l’encontre du Rwanda au sein de diverses organisations régionales et internationales.

« La RDC continue de se plaindre »

Dans le communiqué annonçant ce retrait, Kigali a dénoncé « l’instrumentalisation » de la CEEAC par la RDC, avec la complicité de certains États membres, ainsi que la « déformation de l’objectif de l’organisation ». Nduhungirehe a souligné que Kinshasa n’avait pas soutenu la rencontre du 18 mars entre les Présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Doha, au Qatar, ni la signature d’une déclaration de principes le 25 avril à Washington.

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Il a également rappelé l’engagement pris par les deux gouvernements à participer à des négociations facilitées par les États-Unis en vue d’un accord de paix historique. « Néanmoins, la RDC continue de se plaindre dans toutes les instances régionales et internationales, accusant le Rwanda de ses propres fautes, tout en appelant à des sanctions », a-t-il affirmé.

« Afin d’imposer le diktat de la RDC »

Le retrait du Rwanda a été annoncé à la suite du sommet ordinaire de la CEEAC, tenu samedi à Malabo, en Guinée équatoriale, auquel a participé le Premier ministre Édouard Ngirente. Selon Kigali, le droit du Rwanda à assurer la présidence tournante, tel que prévu à l’article 6 du Traité de la CEEAC, a été « délibérément ignoré afin d’imposer le diktat de la RDC ».

Tout en réaffirmant l’engagement du Rwanda dans les initiatives de paix en cours sous différents formats internationaux, Nduhungirehe a mis en garde contre les tentatives « imprudentes » de Kinshasa de politiser les organisations régionales. Il a également remis en question la légitimité de l’implication de la CEEAC dans la crise à l’est de la RDC, notant que celle-ci est déjà prise en charge par deux autres organisations régionales : la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), sous la médiation du président togolais Faure Gnassingbé, mandaté par l’Union africaine.

« RDC imprudente et désespérée »

« Le Rwanda est pleinement engagé, de bonne foi et avec responsabilité, dans tous les processus de paix en cours — qu’il s’agisse des cadres de l’Union africaine, de la CAE-SADC, ou des initiatives de Washington et Doha », a déclaré Nduhungirehe.
« Le Rwanda n’acceptera jamais que des communautés économiques régionales comme la CEEAC soient manipulées par une RDC imprudente et désespérée, en contradiction avec leurs principes fondateurs et leur vocation. »

Avec le départ du Rwanda, la CEEAC, fondée en 1983, compte désormais dix États membres : l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la République centrafricaine, le Tchad, la RDC, la République du Congo, la Guinée équatoriale, le Gabon et Sao Tomé-et-Principe.

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