Le Rwanda, nouvelle terre d’exil pour les migrants expulsés des États-Unis ?


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Paul Kagame, Président du Rwanda
Paul Kagame, Président du Rwanda

Après l’échec de son partenariat migratoire avec le Royaume-Uni, le Rwanda entre en discussions avec les États-Unis pour accueillir des migrants expulsés. Une initiative encore floue, mais révélatrice de la stratégie diplomatique de Kigali, qui entend s’imposer comme un partenaire clé dans la gestion mondiale des migrations.

Le Rwanda refait surface dans le débat international sur la gestion des flux migratoires. Après l’échec de son accord avec le Royaume-Uni, le pays d’Afrique de l’Est entame cette fois des discussions avec les États-Unis pour accueillir des migrants expulsés du territoire américain. Une initiative révélée par le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, dimanche soir à la télévision nationale. Si les pourparlers n’en sont qu’à leurs débuts, Kigali confirme une stratégie assumée : se positionner comme un partenaire privilégié des puissances occidentales en matière d’immigration.

Un dialogue en cours, sans garanties concrètes

Les autorités rwandaises ont confirmé être en pourparlers avec Washington, mais sans avancer de détails sur le contenu ou les modalités d’un éventuel accord. « Nous sommes en discussion avec les États-Unis », a déclaré Olivier Nduhungirehe, tout en précisant que « les choses en sont encore à leurs débuts ». Aucune confirmation n’a encore été apportée côté américain, laissant planer l’incertitude sur l’ampleur et la faisabilité d’une telle collaboration. Le flou entoure encore le profil des migrants concernés, leur nombre ou encore les conditions de leur accueil.

Ce n’est pas la première fois que Kigali accepte de jouer un rôle d’hôte pour les migrants rejetés par d’autres pays. En 2022, un accord très controversé avait été signé avec le Royaume-Uni, prévoyant le transfert de demandeurs d’asile britanniques vers le Rwanda. Ce projet, dénoncé par de nombreuses ONG et suspendu par la justice britannique, a finalement été annulé en 2023 par le Premier ministre Keir Starmer, fraîchement élu. Un épisode qui soulève aujourd’hui des interrogations sur la viabilité d’un nouveau partenariat du même genre.

Une stratégie diplomatique assumée par Kigali

Derrière ces initiatives, se dessine une politique extérieure rwandaise construite sur la coopération sécuritaire et migratoire avec les puissances occidentales. Pour Kigali, ces accords potentiels représentent à la fois une opportunité géopolitique et un levier de développement économique. En s’affichant comme un acteur fiable et prêt à partager le « fardeau migratoire », le Rwanda cherche à renforcer son image sur la scène internationale, tout en attirant des financements et des soutiens politiques.

Si l’accord venait à se concrétiser, il ne manquerait pas de susciter une vague de réactions, tant sur le plan local qu’international. La question des droits humains, des conditions d’accueil et de la responsabilité des pays expulseurs sera de nouveau posée. Le Rwanda, malgré son ambition, devra prouver sa capacité à offrir une prise en charge digne et pérenne à des personnes souvent en situation de grande vulnérabilité.

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