La montre dérobée à Ottman Azaitar au Fouquet’s parmi les montres volées à Mohammed VI ?


Lecture 5 min.
Mohammed VI et sa Patek
Mohammed VI et sa Patek

Le séjour parisien du combattant de MMA Ottman Azaitar a viré à l’énigme judiciaire. Dans l’enceinte feutrée du célèbre hôtel Fouquet’s, sur l’avenue George V, l’athlète germano-marocain a déclaré s’être fait subtiliser une montre de luxe estimée à 40 000 euros, dissimulée dans le coffre-fort de sa chambre. Mais le dispositif de sécurité aurait présenté une défaillance : la porte du coffre « fermait mal », selon les premières constatations.

Les policiers du 8ᵉ arrondissement ont été dépêchés sur place. Pourtant, à leur arrivée, Ottman Azaitar s’est montré peu coopératif. Il a refusé tout échange avec les enquêteurs et n’a pas souhaité porter plainte. Une posture pour le moins inhabituelle, voire troublante, surtout dans un contexte où la victime est un personnage public au carnet d’adresses bien garni. Parmi ses fréquentations : le roi du Maroc. Oui Mohammed VI lui-même !

Le « Bulldozer » du MMA, une figure controversée

À 35 ans, Ottman Azaitar n’est pas un inconnu dans le monde du sport. Connu pour sa puissance dans l’octogone, celui que l’on surnomme le « Bulldozer » affiche un palmarès solide : 13 victoires pour seulement 3 défaites en carrière. Mais ce n’est pas uniquement son parcours sportif qui attire les projecteurs. Ottman est le frère cadet d’Abu Bakr Azaitar, lui aussi champion de MMA, mais surtout réputé pour sa proximité assumée avec le roi du Maroc, Mohammed VI.

Cette relation étroite a propulsé les frères Azaitar dans les cercles très restreints du pouvoir marocain, alimentant autant les fantasmes que les critiques. Leur influence grandissante soulève aujourd’hui de nombreuses interrogations, d’autant plus à la lumière de l’affaire de vol qui secoue discrètement les coulisses du Fouquet’s. Difficile d’ignorer, en arrière-plan, une autre affaire aux allures de scandale d’État. En janvier 2020, les médias marocains et internationaux rapportaient un vol d’envergure survenu au sein même des palais royaux.

Un précédent royal : les montres du roi dérobées

Au moins 36 montres de luxe appartenant à Mohammed VI auraient été dérobées, principalement au palais royal de Marrakech. Une femme de ménage de 46 ans, employée au palais, avait été désignée comme la principale suspecte. Selon les éléments du dossier, elle aurait mis en place un procédé ingénieux : fondre les montres volées pour en récupérer l’or, puis le revendre à des bijoutiers complices. L’opération aurait duré plusieurs mois avant d’être découverte. Le procès, tenu à la Cour d’appel de Rabat, a débouché sur des peines exemplaires.

15 personnes ont été condamnées, parmi lesquelles des agents de sécurité, un ancien employé du palais, et des professionnels du commerce de l’or. Les peines allaient de quatre à quinze ans de prison ferme. Le ministère de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie avait porté plainte, dénonçant des « circonstances étranges » entourant la disparition des objets de valeur. Fait notable : malgré l’ampleur du scandale, aucune communication officielle du palais n’a confirmé ou infirmé l’affaire, renforçant encore davantage le climat de suspicion autour de ce dossier.

Une montre volée… qui interroge

Le vol de la montre d’Ottman Azaitar prend une tournure plus énigmatique encore lorsqu’on l’analyse à l’aune de cette affaire royale. La valeur de l’objet, les circonstances douteuses du vol, et surtout le refus du champion de coopérer avec les autorités pourraient bien cacher une réalité plus dérangeante : la montre disparue à Paris pourrait-elle faire partie de celles qui avaient été volées au roi ? En d’autres termes, Ottman Azaitar était-il en possession d’un bijou provenant indirectement du palais royal, par un circuit de revente opaque ?

Ou la montre serait-elle un cadeau provenant du roi marocain ? Les questions méritent d’être posées, tant les coïncidences sont nombreuses et le silence du sportif suspect. Les trois frères Azaitar (Abu Bakr, Ottman et Omar) ont grandi en Allemagne, originaires de la région marocaine du Rif. Connus pour leur ascension fulgurante dans les sports de combat, ils le sont aussi pour leurs frasques à répétition. Surnommés par la presse locale les « gangsters de Ferrari », ils sont régulièrement épinglés pour leur comportement provocateur et leur opulence affichée.

Les frères Azaitar : entre loyauté royale et réputation sulfureuse

Abu Bakr Azaitar, en particulier, a été qualifié de « voleur » et d’« escroc » par le média Hespress, souvent décrit comme proche des monarchies du Golfe. Dans un article très critique, le journal rappelle une longue liste d’antécédents judiciaires : extorsion, fraude, agression, conduite sans permis, trafic de drogue… Une réputation bien loin de l’image officielle d’un ami du roi. La proximité entre les Azaitar et Mohammed VI n’est pas une rumeur : elle a été amplement documentée par les médias.

Le roi les aurait invités à participer à des événements officiels, leur aurait ouvert les portes de ses résidences privées, et leur aurait permis de circuler en jets militaires ou de conduire ses voitures personnelles. À tel point qu’un ancien conseiller royal aurait tenté, en vain, de mettre fin à leur influence. Selon The Economist, les frères Azaitar ont même profité de leur relation pour obtenir des biens immobiliers de luxe au Maroc. Le journal va plus loin, évoquant l’enterrement supposé de leur mère dans le palais royal de Tanger, preuve supplémentaire de leur intégration au cercle ultra-fermé du souverain.

Des comportements qui détonnent

Les Azaitar ne manquent pas de faire parler d’eux. Qu’il s’agisse d’incidents à la marina de Bouregreg, où Abu Bakr aurait arraché le téléphone d’un agent après une réprimande, ou d’une intrusion dans un hôpital en pleine pandémie ponctuée d’insultes aux personnels médicaux, leurs actes défraient régulièrement la chronique. Sur les réseaux sociaux, leur exhibitionnisme n’est pas en reste : voitures de luxe, montres hors de prix, vacances dans des yachts royaux, photos en tenue suggestive… Leur style de vie, mêlant frime et privilèges, agace autant qu’il fascine.

Avatar photo
Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News