La Franco-Marocaine Naïma Moutchou nommée dans un gouvernement dissous en 14 heures


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Naïma Moutchou
Naïma Moutchou

C’est un record pour l’histoire politique française. Le gouvernement formé par Sébastien Lecornu n’aura duré que… quatorze heures. À peine le décret de nomination publié au Journal officiel, le Premier ministre a annoncé sa démission, emportant dans sa chute l’ensemble de son équipe, dont Naïma Moutchou, fraîchement nommée ministre de la Fonction publique. Une trajectoire météorique qui en dit long sur l’instabilité politique actuelle et sur le choc des ambitions au sein de la majorité.

Une déflagration politique en temps réel

Dimanche 5 octobre 2025, en début de soirée, le décret listant les nouveaux ministres du gouvernement Lecornu est publié. Mais dès le lendemain matin, la crise éclate. Face à la fronde des Républicains menée par Bruno Retailleau, fraîchement nommé ministre de l’Intérieur, et la pression croissante autour du retour controversé de Bruno Le Maire (désigné aux Armées), Sébastien Lecornu jette l’éponge. La fronde LR, les querelles internes et les ambitions présidentielles auront eu raison d’un gouvernement mort-né.

« Il y a donc eu un gouvernement de plein exercice durant 14 heures », ironise Alexandre Viala, professeur de droit constitutionnel. Et pourtant, ce gouvernement éphémère aura suffi à faire entrer dans l’histoire une figure politique montante : Naïma Moutchou, ex-députée Horizons, nommée, fugacement, ministre de la Fonction publique, de l’Intelligence artificielle et du Numérique.

Parcours d’une femme politique issue de la diversité

Si Naïma Moutchou n’aura eu ni le temps de s’installer dans ses bureaux ni de conduire la moindre réforme, sa nomination n’en reste pas moins symbolique. Elle consacre le parcours d’une femme politique issue de la diversité, à la croisée des valeurs républicaines et de la méritocratie. Née en 1980 de parents marocains, élevée dans une cité HLM d’Eaubonne, dans le Val-d’Oise, Naïma Moutchou incarne une ascension fondée sur l’effort et l’exigence.

Devenue avocate au barreau de Paris, elle se forge une réputation sérieuse au sein du cabinet de Christian Charrière-Bournazel, avant de se lancer en politique sous l’impulsion d’Emmanuel Macron en 2017. Députée, puis vice-présidente de l’Assemblée nationale, elle s’illustre par sa rigueur et sa modération.

Une proche d’Édouard Philippe et une figure montante d’Horizons

Naïma Moutchou n’est pas un électron libre. Proche d’Édouard Philippe, elle a été l’un des piliers du mouvement Horizons depuis sa création, occupant des postes stratégiques comme celui de porte-parole et responsable du pôle Idées. Son engagement en faveur d’une droite modérée, républicaine et réformatrice l’a rapidement placée dans la liste des personnalités politiques à suivre pour 2027.

Sa nomination, aussi brève soit-elle, au gouvernement Lecornu devait lui permettre de peser davantage dans la modernisation de l’État, un enjeu central à deux ans de la Présidentielle. Et ce choix ne devait rien au hasard : sa double expertise juridique et politique, couplée à son ancrage territorial, en faisait une candidate naturelle à la réforme de la fonction publique et à la gestion des transitions numériques.

Le choc d’un gouvernement fantôme

Mais tout cela s’est écroulé avec la même brutalité que l’annonce de ce gouvernement. À peine le temps d’organiser une passation de pouvoir, annulée in extremis dans plusieurs ministères, que les ministres nommés étaient déjà relégués à la gestion des « affaires courantes ». Le Conseil des ministres prévu à 16 h a été annulé, la dissolution du gouvernement actée. Et la confusion règne.

Naïma Moutchou, tout comme Roland Lescure ou Marina Ferrari, devient ainsi une ministre sans conseil, sans arbitrage, sans feuille de route. Une situation inédite, reflet d’une instabilité politique profonde, mais qui révèle aussi les lignes de fracture au sein de la majorité et de la droite. Ce passage éclair au gouvernement n’entame en rien la crédibilité de Naïma Moutchou.

Naïma Moutchou, 14 heures ministre, 10 ans d’avenir ?

Au contraire, cette nomination, même symbolique, confirme son entrée dans la cour des grands. Son profil coche toutes les cases : compétence, loyauté politique, engagement social, et image publique positive. En septembre 2024, une anecdote à l’Assemblée nationale avait d’ailleurs boosté sa popularité : alors qu’elle présidait une séance sur les producteurs français de chips, elle avait confondu les votants avec des « patates », provoquant rires, sympathie… et viralité sur les réseaux sociaux

Alors que la France attend un nouveau gouvernement ou une possible dissolution de l’Assemblée, la figure de Naïma Moutchou pourrait bien ressurgir dans la recomposition à venir. Car en politique, la durée ne fait pas tout : l’impact, la trajectoire et les symboles comptent aussi. Naïma Moutchou, 14 heures ministre, mais 10 ans d’avenir devant elle ? Il est encore trop tôt pour l’écrire, mais une chose est sûre : elle n’a pas dit son dernier mot.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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