
Damana Pickass, proche de Laurent Gbagbo et cadre influent du PPA-CI, a été arrêté à Bingerville après ses appels à l’insurrection. Cette interpellation intervient dans un climat politique explosif, avec la réélection contestée d’Alassane Ouattara. L’opposition dénonce une « persécution politique » visant à museler la contestation.
La tension politique monte en Côte d’Ivoire. Damana Pickass, figure de l’aile dure du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, a été interpellé mardi 4 novembre près d’Abidjan. Le cadre de l’opposition est visé par le procureur pour avoir appelé à l’« insurrection populaire » dans le contexte des récentes élections présidentielles.
Une arrestation stratégique au cœur de l’opposition
L’interpellation de Damana Pickass, survenue à Bingerville, n’est pas anodine. Il occupait la fonction stratégique de coordinateur général du « Front commun », une alliance des deux principaux partis d’opposition, le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Tidjane Thiam. Ces formations s’étaient unies pour dénoncer l’invalidation de leurs candidatures et avaient appelé à des mobilisations avant le scrutin présidentiel du 25 octobre.
Le procureur Oumar Braman Koné a confirmé l’arrestation dans un communiqué, accusant Pickass d’avoir « appelé à l’insurrection populaire et au renversement des institutions de la République ».
Des appels à manifester et un lourd bilan
L’arrestation fait suite à une période de fortes tensions politiques, marquée par l’exclusion des candidats de l’opposition et la réélection du président sortant Alassane Ouattara. Quelques jours avant le scrutin, le 16 octobre, Damana Pickass, également deuxième vice-président du Conseil stratégique et politique du PPA-CI, était apparu dans une vidéo incitant les Ivoiriens à la désobéissance civile. Il avait notamment déclaré : « Tous les Ivoiriens sont invités à occuper les rues de façon pacifique. Je vous invite à beaucoup plus de détermination, à beaucoup plus de volonté, à beaucoup plus d’engagement. »
Selon le parquet, ces appels à manifester, pourtant interdits par les autorités, ont « conduit à la constitution d’attroupements armés et non armés » et ont « occasionné des actes de violence portant atteinte à la sécurité nationale ». Les manifestations et affrontements intercommunautaires liés aux élections ont fait un bilan officiel de onze morts, l’opposition évoquant pour sa part vingt-sept décès.
La « persécution des opposants » pour le PPA-CI
Du côté du PPA-CI, cette interpellation est perçue comme une poursuite de la répression politique. Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI, a réagi en déclarant que Damana Pickass « était traqué, c’est la persécution des opposants qui continue ».
Il est à noter que Damana Pickass avait déjà été condamné en début d’année à dix ans de prison ferme pour « atteinte à la sûreté de l’État » pour des faits remontant à 2021. Malgré cette lourde peine, il n’avait pas été incarcéré, une situation qui, bien que rare, arrive en Côte d’Ivoire en l’absence de mandat de dépôt.




