
L’intensification des combats au Sud-Kivu a déclenché un exode massif de Congolais vers le Burundi, où plus de 30 000 réfugiés ont été enregistrés en trois jours. Ce mouvement désespéré illustre l’ampleur des violences du M23 et l’échec des tentatives de médiation à enrayer la crise humanitaire.
La recrudescence des violences dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) a déclenché un mouvement de population massif et désespéré vers le Burundi voisin. L’intensification des combats, principalement menés par le groupe armé M23 dans la province du Sud-Kivu, contraint des dizaines de milliers de Congolais à fuir leur foyer, franchissant la frontière dans l’espoir de trouver sécurité et assistance.
Un afflux de plus de 30 000 réfugiés en trois jours
L’ampleur de la crise humanitaire est saisissante. Mercredi 10 décembre 2025, le ministre burundais des relations extérieures, Edouard Bizimana, a révélé que son pays avait enregistré plus de 30 000 demandeurs d’asile congolais en l’espace de seulement trois jours. Cet afflux est directement imputable à « l’intensité des combats et l’avancée du mouvement rebelle M23 appuyé par le Rwanda », selon les propos du ministre.
La majorité de ces réfugiés transitent par la province burundaise de Cibitoke, frontalière de l’est de la RDC. Ces milliers de personnes viennent s’ajouter aux plus de 120 000 réfugiés congolais déjà enregistrés par les autorités burundaises depuis janvier 2025.
La terreur du Sud-Kivu
Les témoignages des réfugiés dressent un tableau sombre des atrocités commises dans la région. Dans le Sud-Kivu, l’offensive du M23, que des responsables régionaux accusent d’être soutenu par le Rwanda, aurait déjà coûté la vie à plus de 400 civils. Ces violences poussent des familles entières à entreprendre des jours de marche exténuante.
Sur les hauteurs de Kansega, dans l’ouest du Burundi, un camp de fortune s’est érigé pour accueillir ces centaines de familles. Tous racontent aux équipes d’aide sur place les pertes, les violences subies et la fuite désespérée qu’ils ont dû entreprendre pour sauver leur vie. Le ministre burundais a d’ailleurs souligné qu’« il est impérieux de protéger les civils qui sont à nouveau les victimes principales de ces violences ».
Un conflit latent et des tentatives de résolution
Le M23, créé en 2012 par d’anciens militaires congolais dissidents, avait été vaincu en 2013 avant de reprendre les armes en 2022. Le groupe rebelle s’est depuis emparé de plusieurs localités stratégiques dans le Nord et le Sud Kivu. Actuellement, les affrontements se poursuivent notamment dans le territoire de Walikale et dans les hauts plateaux du Sud-Kivu.
Malgré les efforts de médiation internationale menés par des acteurs comme Doha, Washington et l’Union africaine, les hostilités persistent. Un accord de paix et de coopération économique qualifié « d’historique » a pourtant été signé entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame en décembre, mais la réalité sur le terrain, illustrée par cet exode massif, montre que la situation sécuritaire reste extrêmement volatile et meurtrière pour les populations civiles.



