
Moins d’une semaine après Washington, les rebelles soutenus par le Rwanda font une percée stratégique. La République démocratique du Congo (RDC) replonge dans la violence la plus totale. Le mouvement rebelle du M23, largement soutenu par le Rwanda, a effectué une percée majeure ce mardi 10 décembre en entrant dans la ville stratégique d’Uvira, dans l’est du pays.
Cet événement survient dans un timing particulièrement cynique : moins d’une semaine après la signature d’un accord de paix entre le Congo et le Rwanda, ratifié à Washington sous médiation américaine.
Uvira, une base clé désormais aux mains du M23
Située près de la frontière avec le Burundi, Uvira est une ville hautement stratégique. Elle servait de quartier général au gouvernement nommé par Kinshasa dans le Sud-Kivu, depuis la chute de la capitale provinciale Bukavu aux mains du M23 en février dernier.
Des sources sécuritaires et militaires indiquent que les combattants du M23, épaulés par 6 000 à 7 000 soldats rwandais selon des experts de l’ONU, sont entrés par le nord de l’agglomération, en larguant des bombes. L’avancée rapide du groupe a créé un chaos total : habitants, soldats, policiers et personnels administratifs ont fui, beaucoup ont décrit des scènes de « sauve-qui-peut« . La prise d’Uvira offre désormais au M23 une base arrière solide pour avancer vers d’autres sites au-delà du Sud-Kivu.
L’accord de paix américain déjà compromis
La recrudescence des combats met en péril l’accord que le président américain Donald Trump avait qualifié de « miracle » la semaine dernière. Le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame avaient pourtant ratifié ce pacte visant à mettre fin au conflit. La situation a exacerbé les critiques sur les prouesses de négociateur de Washington.
Face à cette nouvelle offensive, les États-Unis et plusieurs pays européens ont conjointement exhorté mardi le M23 et Kigali à cesser « immédiatement » leur offensive. Le non-respect de l’accord moins d’une semaine après sa signature illustre la fragilité des engagements de paix dans la région.
Le Burundi ferme ses frontières par sécurité
En réaction directe à l’avancée du M23, le Burundi a immédiatement fermé sa frontière avec la RDC. Cette décision est motivée par la proximité d’Uvira avec Bujumbura, la capitale économique burundaise. Les deux postes-frontières de Gatumba et Vugizo ont été fermés mardi après-midi et sont désormais considérés comme des « zones militaires« , selon un officier burundais.
Le Burundi, qui a historiquement apporté un soutien militaire à Kinshasa et entretient des relations tendues avec le Rwanda, se positionne pour se protéger des débordements du conflit. La crise humanitaire s’aggrave dans la zone frontalière : plus de 30 000 Congolais auraient déjà fui les combats en une semaine pour se réfugier au Burundi, où ils manquent cruellement de nourriture et de soins.



