
Autoroute du Nord, renaissance ferroviaire, dématérialisation douanière : le corridor de 1 150 kilomètres entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso entame sa mue. L’objectif affiché par les deux pays est de faire émerger un véritable couloir d’industrialisation au cœur de l’Afrique de l’Ouest.
Le corridor reliant Abidjan à Ouagadougou n’est plus une simple voie de transit, mais le baromètre de l’intégration économique en Afrique de l’Ouest. Long de 1 150 kilomètres, cet axe vital assure l’approvisionnement stratégique du Burkina Faso, pays enclavé, tout en confortant l’influence portuaire de la Côte d’Ivoire sur son hinterland sahélien.
Il traverse aujourd’hui une phase de modernisation sans précédent. Entre montée en puissance des infrastructures lourdes et révolution numérique des flux, le projet ambitionne de transformer une route logistique en un véritable corridor de développement industriel.
L’accélération de l’autoroute du Nord vers les frontières septentrionales de la Côte d’Ivoire marque une étape décisive. Le prolongement des voies rapides réduit drastiquement les ruptures de charge et les coûts d’exploitation des transporteurs. Parallèlement, la réhabilitation du réseau ferroviaire opéré par Sitarail demeure le pivot de cette stratégie, avec pour ambition d’augmenter significativement les capacités de transport de fret minier et agricole.
Cette modernisation matérielle se double d’une offensive technologique majeure : l’interconnexion des systèmes douaniers entre les deux nations. Grâce à la dématérialisation des documents de transit, les autorités cherchent à éradiquer les goulots d’étranglement bureaucratiques qui pénalisaient jusqu’ici la compétitivité du port autonome d’Abidjan face à ses rivaux régionaux, Lomé et Tema en tête.
Du transit à la production : le pari de l’industrialisation
L’enjeu dépasse désormais le seul cadre du transport. Le corridor se structure autour de zones économiques spéciales destinées à capter la valeur ajoutée sur place. En favorisant l’implantation d’unités de transformation agro-industrielle le long de l’axe, les gouvernements ivoirien et burkinabè ambitionnent de passer d’une économie de transit à une économie de production.
Cette dynamique reste toutefois soumise à l’impératif de la résilience sécuritaire. Dans un contexte sahélien instable, la pérennité de ce flux financier et marchand repose sur une coopération transfrontalière accrue, faisant du corridor Abidjan-Ouagadougou le laboratoire de la souveraineté économique de la sous-région.



