
Les autorités algériennes adaptent leur stratégie de modernisation du secteur automobile. Grâce à une série de réformes initiées depuis le 3 juin 2025, le gouvernement entend fluidifier les opérations d’importation, désengorger les ports et renouveler un parc automobile vieillissant. Une volonté d’améliorer la logistique nationale et de répondre concrètement aux attentes des citoyens et des opérateurs économiques.
Allègement douanier : une manœuvre pragmatique et efficace
En Algérie, la Direction générale des Douanes a introduit une réforme attendue : désormais, les véhicules importés par des particuliers, transportés dans des conteneurs, peuvent être transférés vers des ports secs pour être dédouanés. Jusqu’ici, seuls les ports maritimes étaient habilités à gérer ces opérations, ce qui provoquait saturation, retards et surcoûts pour les importateurs. Cette initiative vise donc à désengorger les infrastructures portuaires traditionnelles et à réduire les pénalités financières liées à l’entreposage prolongé des conteneurs.
Avec cette nouvelle directive, les conteneurs peuvent être traités de manière plus fluide, tout en assurant un contrôle douanier rigoureux, conformément à la réglementation. L’Algérie se positionne ainsi comme un État capable d’adapter rapidement ses dispositifs logistiques aux réalités du marché.
Une réforme bien encadrée, conforme à la loi
La note n°25/13 met fin à une zone d’ambiguïté. Auparavant, des doutes subsistaient quant à la légitimité des dédouanements dans les ports secs, compte tenu des restrictions posées par l’article 71 du Code des Douanes. Désormais, le transfert est pleinement légal et les procédures sont clarifiées. Le nouveau système prévoit aussi une responsabilité accrue des opérateurs sur le stockage des véhicules, garantissant ainsi la sécurité et la traçabilité. Cette mesure s’inscrit dans la continuité d’initiatives antérieures.
En 2017 déjà, la note n°188/00 avait posé les bases d’une organisation plus souple du traitement des marchandises dans les zones douanières extérieures. Cette flexibilité démontre la volonté des autorités de mettre à jour leur arsenal réglementaire, en tenant compte de l’évolution du commerce international et des réalités locales. Plus récemment, la note n°3296 du 23 octobre 2023 rappelait la nécessité de raccourcir les délais de traitement pour éviter des pénalités inutiles. Aujourd’hui, ces décisions convergent pour créer un système plus fluide, plus rapide et plus économique.
Des bus plus récents pour des villes plus sûres
Autre avancée majeure annoncée fin mai 2025 : l’autorisation d’importer des bus de moins de cinq ans, attendue depuis longtemps par les professionnels du transport. Le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a franchi le pas, en reconnaissant l’urgence de rénover un parc vieillissant où près de 50% des bus ont plus de 20 ans. Cette réforme vise à renforcer la sécurité des usagers et à améliorer les performances du transport public. Les opérateurs économiques saluent cette ouverture qui leur permettra d’acquérir des véhicules plus modernes, sans passer par des circuits commerciaux trop onéreux.
L’Algérie a déjà démontré sa capacité à prendre des mesures ciblées pour revitaliser son parc roulant. En 2023, les autorités avaient facilité l’importation des véhicules d’occasion à usage personnel. Aujourd’hui, en étendant cette logique aux véhicules utilitaires collectifs, le pays montre sa cohérence stratégique. Le ministre Sayoud a aussi indiqué que des mesures incitatives fiscales et douanières pourraient être incluses dans la Loi de finances 2026, incluant exonérations et crédits à taux préférentiels.
Pour un transport plus sûr et plus performant
Ces dispositifs soutiendraient les opérateurs nationaux tout en assurant un meilleur accès aux transports pour les citoyens. La modernisation du parc ne repose pas uniquement sur l’importation. L’État prévoit aussi d’investir dans la production locale. Dès 2025, les wilayas de Constantine, Oran et Annaba recevront 108 nouveaux bus fabriqués à l’unité industrielle de Rouïba, relevant des industries militaires. Il s’agit de la première phase d’un programme ambitieux de 1 760 nouveaux véhicules pour le transport public.
Cette orientation industrielle vise à réduire la dépendance aux importations tout en créant des emplois et en renforçant les capacités nationales. Avec l’augmentation du parc roulant, la sécurité routière devient une priorité.
Le président du Conseil de la nation a insisté sur le renforcement des contrôles techniques, une exigence partagée par les citoyens. L’État s’engage donc à moderniser tout en garantissant la fiabilité des véhicules. Le signal est clair : l’Algérie mise sur un transport moderne, accessible, sûr et durable.