
La Fondation Boghossian vient de distinguer une créatrice d’exception : Kim Mupangilaï, designer belgo-congolaise qui révolutionne les codes du mobilier contemporain. Avec ses créations métissées puisant dans l’Art nouveau belge et les arts traditionnels congolais, cette jeune femme de 36 ans incarne parfaitement la mission de dialogue interculturel de la fondation bruxelloise. Son Prix International 2024, doté de 12 000 euros, consacre une approche singulière où chaque meuble raconte l’histoire de deux continents.
Dans l’écrin Art Déco de la Villa Empain, une révolution silencieuse se prépare. Kim Mupangilaï, designer belgo-congolaise de 36 ans basée à New York, vient de remporter le Prix International 2024 de la Fondation Boghossian dans la catégorie Design & Artisanat.
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Une reconnaissance qui propulse cette créatrice singulière au premier plan d’une scène où l’exigence technique rencontre le métissage culturel pour raconter de nouvelles histoires.
Un prix taillé pour le dialogue
Créé pour « honorer les artistes dont le travail favorise la compréhension mutuelle entre les cultures », le Prix International de la Fondation Boghossian célèbre cette année trois univers artistiques : arts visuels, design et artisanat, joaillerie.
Chaque lauréat reçoit une dotation de 12 000 euros, une exposition à la Fondation Boghossian et une invitation pour un séjour d’un mois à la résidence d’artistes de la Villa Empain.

Aux côtés de Kim Mupangilaï, l’Australienne Kate Crawford et le Serbe Vladan Joler ont été récompensés par le Prix des arts visuels pour leur exploration critique de l’intelligence artificielle, tandis que l’Italienne Joy Harvey remporte le Prix de la Joaillerie pour ses créations mêlant orfèvrerie florentine, techniques arméniennes et innovation numérique.
L’exposition des lauréats se déroulera prochainement à la Villa Empain, offrant un dialogue inédit entre ces trois univers créatifs qui interrogent chacun à leur manière les enjeux contemporains du dialogue interculturel.
Kim Mupangilaï tisse des ponts par la matière
Née en 1989, Kim Mupangilaï est architecte d’intérieur et designer, également professeure à la prestigieuse Parsons School of Design. Diplômée en graphisme et architecture d’intérieur à la LUCA School of Arts/KU Leuven, elle a établi sa pratique à New York en 2018, développant depuis une approche unique qui puise simultanément dans l’Art nouveau belge et les arts traditionnels congolais.
Ses meubles et luminaires deviennent des objets-manifestes qui explorent « les intersections de l’identité, de la culture et de l’histoire, créant des récits qui défient les conventions et inspirent le dialogue interculturel« .
Sa Bina Chair a été reconnue par Hypebeast comme l’un des 100 designs les plus collectionnables du XXIe siècle, et a également été présentée dans l’exposition historique OBJECTS: USA 2024 organisée par R & Company. Ses créations ont été exposées dans des institutions majeures, notamment au Cooper Hewitt Museum et dans la nouvelle installation du café du Brooklyn Museum en 2024.
La collection Bina, terme lingala signifiant « danse« , illustre parfaitement cette philosophie. Sculptée en teck, raphia et pierre volcanique, la Bina Chair défie la stabilité visuelle tout en célébrant la dualité des héritages. Sa Bina Lamp, réalisée dans la même essence de teck avec un abat-jour en fibre de banane, s’inspire des coiffures féminines pré-coloniales, devenant métaphore lumineuse de la résistance et de la beauté africaines.
En choisissant le terme « bina« , la designer rappelle que ses œuvres sont avant tout des chorégraphies de matières, où chaque mouvement de la main fait dialoguer techniques ancestrales et processus contemporains.
Au-delà de l’objet, un manifeste
Kim Mupangilaï collabore avec des institutions pour remettre en question l’éducation traditionnelle au design. Son travail interroge « comment les influences congolaises ont façonné l’Europe » et milite pour que les références africaines soient pleinement reconnues dans l’enseignement du design, encore largement centré sur des référentiels occidentaux.
Ses recherches en cours sur l’Art nouveau et l’histoire coloniale congolaise soulignent son engagement envers des récits stratifiés et le dialogue interculturel. Cette approche académique nourrit une pratique artistique qui propose un imaginaire commun plus inclusif, interrogeant les biais hérités de l’histoire coloniale.
Régulièrement mise en avant dans des publications prestigieuses comme Architectural Digest, Vogue, Hypebeast et Surface Magazine, son travail a fait la couverture de Milk Decoration Magazine et Sabato Magazine.