
Alors que le Mali traverse une nouvelle saison des pluies, les inondations récurrentes soulèvent de vives inquiétudes quant à la vulnérabilité grandissante des populations face aux aléas climatiques. Le sud-ouest du pays, durement touché, paie un lourd tribut à des pluies toujours plus imprévisibles et intenses. Derrière les bilans chiffrés se cache une réalité humaine marquée par la perte, l’exil et la précarité.
Dans la nuit du 23 au 24 août 2025, de violents orages se sont abattus sur la région de Dioïla, dans le sud-ouest du Mali. À Tiendobougou, un village agricole situé à seulement six kilomètres de la ville, plus de 1 280 personnes ont été directement affectées par des inondations dévastatrices. Si les crues saisonnières ne sont pas rares dans le pays, l’ampleur de cette catastrophe marque un tournant inquiétant.
Une nuit de chaos : maisons effondrées, familles déplacées
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 150 ménages déplacés, près de 200 habitations complètement détruites, et plus de 1 200 personnes contraintes de quitter leurs foyers. Réfugiées provisoirement dans des écoles publiques, ces familles vivent aujourd’hui dans une précarité extrême. Hommes, femmes et enfants dorment à même le sol, exposés à l’humidité, aux maladies et à l’insécurité. Parmi les sinistrés, une majorité sont des cultivateurs, dépendants de la production de coton pour survivre. Leur outil de travail, la terre, a été submergé, et leurs maigres récoltes probablement anéanties.
Selon les données du Comité interministériel de gestion des crises et catastrophes, pas moins de 34 épisodes d’inondations ont été signalés dans le pays depuis le début de la saison des pluies. À cela s’ajoutent plusieurs cas de foudre et de vents violents, ayant causé 23 décès et des centaines de blessés. En tout, plus de 11 000 Maliens sont aujourd’hui affectés par ces événements climatiques. Ces chiffres traduisent non seulement une intensification des phénomènes météorologiques extrêmes, mais aussi une préparation insuffisante à y faire face.
Un dérèglement climatique qui frappe les plus vulnérables
Les prévisions de Mali-Météo pour la saison estivale 2025 avaient pourtant alerté sur un risque élevé d’inondations, particulièrement dans les régions nord et sud du pays. Des précipitations bien supérieures à la normale ont été anticipées, notamment dans des zones déjà fragilisées par la pauvreté et l’absence d’infrastructures solides. Les spécialistes de l’Agence nationale de la météorologie malienne évoquent des « cumuls pluviométriques nettement au-dessus des moyennes saisonnières », conséquence directe du réchauffement climatique global.
Le Mali, comme nombre de pays du Sahel, se trouve aujourd’hui en première ligne face à ces bouleversements. La désertification, l’irrégularité croissante des saisons, l’alternance de sécheresses prolongées et de pluies intenses, fragilisent des communautés rurales déjà exposées à l’insécurité alimentaire, au manque d’accès à l’eau potable et à des services de santé déficients. Face à la situation, les autorités locales n’ont pas tardé à réagir.
Une réponse d’urgence encore insuffisante
Le gouverneur de la région de Dioïla s’est rendu sur place, accompagné d’une délégation, pour distribuer de l’aide d’urgence : deux tonnes de riz, quelques sacs de sucre, des moustiquaires imprégnées et des couvertures. Si ce geste est salutaire, il reste néanmoins largement en deçà des besoins réels des sinistrés. Les victimes réclament un accompagnement plus structuré : accès à des soins médicaux, construction d’abris temporaires, et surtout relogement durable.
Les appels à l’aide humanitaire se multiplient. Le maire de Kaladougou-Dioïla, Yacouba Dolé Mariko, exhorte les ONG et partenaires internationaux à intervenir rapidement. Selon lui, la survie de centaines de familles dépend désormais de la solidarité nationale et internationale. Au-delà de l’urgence, cet épisode dramatique pose la question de la résilience des territoires face aux chocs climatiques. Pourquoi autant de maisons s’effondrent-elles dès les premières grosses pluies ?