Inondations au Mali : le bilan s’alourdit à 21 morts et 33 blessés


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Des inondations
Des inondations (illustration)

Chaque année, les pluies diluviennes qui s’abattent sur le Mali mettent en évidence la vulnérabilité croissante du pays face aux aléas climatiques. En 2025, les inondations ont déjà causé de lourdes pertes humaines et matérielles, affectant des milliers de personnes. Entre insuffisance des équipements, urbanisation incontrôlée et manque de prévention, le Mali peine à contenir les conséquences de l’hivernage devenu synonyme de catastrophe.

Une semaine du 4 au 11 août particulièrement meurtrière

Le Mali fait de nouveau face à une tragédie liée aux intempéries. Selon le dernier communiqué du Comité interministériel de gestion des crises et catastrophes, les inondations qui ont frappé plusieurs régions du pays entre juin et août 2025 ont causé la mort de 21 personnes, fait 33 blessés, et provoqué l’effondrement de 495 habitations. Plus de 9 000 personnes ont été touchées par ces évènements, qui s’inscrivent dans une série de catastrophes naturelles devenues presque saisonnières dans le pays.

Le bilan initial, établi au 31 juillet, faisait état de 12 décès et de 30 blessés, avec 5307 personnes sinistrées. Mais la dernière semaine, du 4 au 11 août, a été particulièrement meurtrière, avec plusieurs nouveaux cas d’inondations, de vents violents et de foudre, alourdissant ce triste décompte.

Un pays à la merci de l’hivernage

La saison des pluies, communément appelée hivernage, s’étend généralement de juin à septembre au Mali. Chaque année, elle apporte avec elle son lot de désastres, notamment dans les zones urbaines mal planifiées ou rurales à faible résilience. Les pluies diluviennes qui s’abattent sur le territoire provoquent des inondations soudaines, la destruction de logements précaires, et des pertes humaines et matérielles importantes.

Selon le Comité technique, 31 cas d’inondation, 5 cas de foudre et 4 cas de vents violents ont été enregistrés depuis le début de l’hivernage. La situation est jugée particulièrement préoccupante cette année, en raison de la persistance des activités pluvio-orageuses annoncées dans plusieurs régions du pays, à l’exception de l’extrême nord. Les régions les plus touchées restent celles du sud et du centre, notamment Bamako, Ségou, Mopti et Sikasso, où la combinaison de fortes précipitations, de mauvaises infrastructures de drainage, et de constructions anarchiques augmente le risque d’inondation.

Des mesures anticipatoires, mais des résultats mitigés

Face à cette récurrence, les autorités maliennes ont mis en œuvre des actions anticipatoires pour limiter les dégâts. Le gouvernement a notamment renforcé les unités de la Protection civile, positionné des kits d’urgence dans les régions à risque, et mobilisé des brigadiers citoyens dans le cadre du projet « Les mois citoyens ». Mais malgré ces efforts, la situation reste difficile à contenir. Le nombre de morts, de blessés et de sinistrés chaque année montre les limites d’un système encore trop réactif, et pas suffisamment préventif.

Le manque d’aménagement urbain, la vulnérabilité des habitations et l’insuffisance des infrastructures d’évacuation des eaux accentuent la gravité des impacts. L’année 2024 avait déjà été marquée par un lourd tribut : 76 morts, 148 blessés et plus de 259 000 personnes affectées. Le Mali avait alors enregistré 649 cas d’inondation à travers 19 régions et le district de Bamako. Cette répétition annuelle de drames interroge sur la capacité du Mali à s’adapter aux changements climatiques et à renforcer sa résilience face aux catastrophes naturelles.

Investir dans la réduction des risques de catastrophes

Les experts alertent sur le fait que le réchauffement climatique augmente l’intensité des précipitations, même dans des zones sahéliennes traditionnellement arides. Cette situation pose un défi de taille pour un pays qui fait également face à des crises sécuritaires, économiques et humanitaires. Outre les pertes humaines, les inondations provoquent des conséquences sanitaires (risque accru de paludisme, de maladies hydriques), économiques (perte de récoltes, effondrement de commerces), et sociales (déplacement de populations, perte de biens). Les enfants et les femmes sont souvent les premières victimes de ces catastrophes.

La Coordination des ONG au Mali (FONGIM) et les partenaires humanitaires rappellent la nécessité d’investir dans la réduction des risques de catastrophes, l’aménagement du territoire et l’éducation des populations à la culture du risque. Ils appellent également à un soutien international accru, pour faire face à une crise climatique qui dépasse les capacités de réponse nationales.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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