
En pleine campagne présidentielle, la justice guinéenne frappe fort contre ce qu’elle qualifie de « désinformation » sur les réseaux sociaux. Le Procureur général menace désormais de poursuites systématiques toute personne accusant l’État d’enlèvements sans preuves.
Le Parquet Général près la Cour d’Appel de Conakry a adressé un avertissement ferme contre la multiplication des accusations d’enlèvements et de disparitions ciblant les autorités publiques. Dans une note officielle publiée ce jeudi 4 décembre 2025, le Procureur Général Fallou Doumbouya a haussé le ton, menaçant de poursuites judiciaires systématiques toute personne imputant à l’État des actes criminels sans preuve factuelle.
Un procureur dénonce la « désinformation dangereuse »
Le Parquet Général dénonce des allégations qu’il qualifie de « calomnieuses et sans aucune base factuelle », lesquelles « portent atteinte à la dignité des institutions de la République » et « troublent l’ordre public ».
Le magistrat cible particulièrement les plateformes numériques qui relaient ces rumeurs, affirmant que ces dernières participent à une « campagne de désinformation dangereuse » visant la crédibilité de l’État. Cette mise en garde survient alors que la Guinée est en pleine campagne électorale pour la présidentielle du 28 décembre 2025, à laquelle concourt le Général Mamadi Doumbouya, chef de la junte.
Disparitions : la justice assure traiter tous les dossiers
Face aux spéculations grandissantes, Fallou Doumbouya a tenu à rassurer. Il affirme que toutes les plaintes pour enlèvement ou disparition signalées font l’objet de procédures judiciaires régulières.
Le Procureur Général insiste sur le respect du Code de procédure pénale et indique que les affaires sont traitées soit devant les services de police judiciaire, soit devant les juridictions compétentes. Il assure qu’« aucun dossier » n’a été négligé ou classé sans suite.
Toutefois, ces assurances interviennent dans un contexte où le nombre de disparus a grimpé en flèche depuis l’arrivée au pouvoir du CNRD, touchant majoritairement des membres de l’opposition et de la société civile. Le Haut-Commissariat de l’ONU estime qu’au moins dix Guinéens sont considérés comme victimes de disparitions forcées, y compris des cadres du parti d’opposition Bloc libéral et des proches de l’artiste reggae Élie Kamano.
Le rappel solennel aux poursuites pour calomnie
Afin de contrer ce qu’il nomme l’« impunité numérique », le Parquet Général a rappelé le cadre légal qui protège les institutions contre les attaques en ligne. Le Procureur Général avertit que l’imputation de faits criminels à une autorité publique entraînera désormais des poursuites pénales systématiques.
Toute personne s’adonnant à de tels propos, notamment sur les réseaux sociaux, s’expose à être poursuivie pour calomnie, diffamation, injure publique, outrage ou pour propagation de fausses nouvelles.
Tout en réaffirmant son attachement à la liberté d’expression comme droit fondamental, Fallou Doumbouya trace une ligne rouge claire : « La liberté d’expression, garantie par la loi, ne saurait justifier la diffamation ni l’atteinte à la réputation des institutions chargées d’assurer la stabilité, la sécurité et la justice dans notre pays. »
Cette sortie musclée confirme la volonté de la justice de riposter légalement à ce qu’elle perçoit comme une campagne de dénigrement orchestrée visant à déstabiliser l’État.




