Guerre au Soudan : Washington accuse Khartoum d’utiliser des armes chimiques 


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Armée soudanaise en patrouille
Soldats de l'armée soudanaise en patrouille

Le gouvernement soudanais est une nouvelle fois au cœur d’une polémique internationale. Washington accuse Khartoum d’avoir utilisé des armes chimiques dans la guerre sanglante qui l’oppose depuis 2023 aux Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Hemetti. Sans surprise, ces accusations, qualifiées de « sans fondement » par les autorités soudanaises, ont été suivies de lourdes sanctions américaines.

En toile de fond, un conflit meurtrier et une crise humanitaire sans précédent.

Des accusations anciennes qui refont surface

Ce n’est pas la première fois que le Soudan est visé pour usage présumé d’armes chimiques. Dès janvier 2024, le New York Times rapportait, sur la foi de sources anonymes au sein du renseignement américain, que l’armée régulière avait employé du chlore lors d’au moins deux offensives contre les FSR, avec l’aval supposé du général Abdel Fattah al-Burhane. En mai, le Département d’État américain officialisait l’accusation, bien que sans mentionner de lieux ni de dates précises.

Le pays n’en est pas à son premier épisode. En 2016 déjà, Amnesty International dénonçait plus de 30 attaques chimiques dans le Darfour. Malgré l’absence de réaction de l’ONU, ces signalements nourrissent un faisceau d’indices qui alimente la méfiance.

Sanctions américaines : une pression politique et économique

En réponse aux soupçons, Washington a instauré un régime de sanctions valable au moins un an. L’aide humanitaire et les produits agricoles échappent aux restrictions. En revanche, la plupart des exportations américaines sont fortement limitées. L’accès du Soudan aux crédits et financements gouvernementaux est également restreint.

Ces sanctions s’ajoutent à celles décidées en janvier 2025 contre les deux chefs de guerre. Washington accuse Hemetti de « génocide ». Al-Burhane est, lui, accusé d’avoir mené des « attaques ciblées contre les civils » et d’avoir utilisé la faim comme « arme de guerre ». Une tentative pour freiner une guerre qui a déjà causé des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 13 millions de personnes.

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Le poids d’une histoire diplomatique mouvementée

Les relations entre les États-Unis et le Soudan ont toujours été instables. Déjà dans les années 1990, Khartoum avait été accusé de soutenir le terrorisme islamiste. En 1998, les Américains ont bombardé l’usine pharmaceutique Al-Shifa, qu’ils accusaient de produire des composants chimiques pour Al-Qaïda. Cette accusation, toutefois, n’a jamais été prouvée.
La chute d’Omar el-Béchir en 2019 avait ouvert une période d’espoir, vite brisée par la rivalité entre ses anciens alliés militaires. La « guerre des généraux », qui oppose depuis avril 2023 les deux factions de l’armée soudanaise, a transformé le pays en champ de ruines.

Pour Washington, ces sanctions visent à faire pression sur les responsables politiques et militaires afin de mettre fin aux violences.

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