Choléra au Soudan : flambée inquiétante à Khartoum sur fond de crise humanitaire


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Choléra au Niger
Choléra au Niger

Le Soudan fait face à une flambée alarmante de choléra, notamment à Khartoum, avec 1 375 cas en un jour. Plus de 60 000 infections et 1 632 décès sont recensés depuis le début de l’épidémie. Le conflit armé en cours depuis avril 2023 a détruit les infrastructures sanitaires, facilitant la propagation. Malgré des efforts médicaux pour limiter la mortalité, la situation reste critique. Le choléra, favorisé par des conditions sanitaires dégradées, a été déclaré épidémie nationale en août 2024.

Le Soudan est à nouveau confronté à une urgence sanitaire alors qu’une recrudescence significative des cas de choléra vient frapper l’État de Khartoum, déjà lourdement éprouvé par plus d’un an de conflit armé. Les autorités sanitaires locales ont tiré la sonnette d’alarme ce jeudi, annonçant un pic de 1 375 nouvelles infections détectées en l’espace d’une seule journée. Mohamed Al-Tijani, directeur du département de la gestion des urgences sanitaires et des épidémies au ministère de la Santé de l’État de Khartoum, a confirmé cette hausse préoccupante.

1 116 patients pris en charge dans des centres d’isolement spécialisés

Selon lui, bien que le nombre de personnes contaminées ait augmenté, les efforts médicaux déployés ont permis de freiner la mortalité. Mercredi, 23 décès ont été officiellement rapportés, un chiffre en baisse par rapport aux jours précédents. Actuellement, plus d’un millier de patients, précisément 1 116, sont pris en charge dans des centres d’isolement spécialisés. Ces infrastructures ont été renforcées pour répondre à l’urgence, et quatre centres d’hébergement supplémentaires ont été installés dans les zones les plus touchées.

L’objectif est de permettre un repérage précoce des cas, d’apporter un traitement rapide et ainsi de réduire les risques de décès liés à cette infection diarrhéique aiguë. Les jours précédents avaient déjà montré une tendance alarmante : mardi, les autorités faisaient état de 942 cas et 25 décès, tandis que lundi, 1 177 personnes avaient été contaminées et 45 décès avaient été enregistrés. Le nombre total de cas recensés à ce jour dans le pays dépasse les 60 000, avec 1 632 décès, selon les dernières données officielles.

Des établissements de santé endommagés

Face à cette situation, le gouvernement soudanais avait déjà décrété, en août 2024, que le choléra représentait une épidémie à l’échelle nationale. La maladie, transmise par l’eau ou les aliments contaminés par la bactérie Vibrio cholerae, prospère dans les environnements où l’accès à l’eau potable et à des conditions sanitaires décentes est limité, ce qui est tristement le cas au Soudan.

Le pays est plongé dans une guerre civile depuis avril 2023. Le conflit oppose les forces armées soudanaises aux Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire aux ambitions politiques et militaires croissantes. Cette guerre a profondément ravagé les infrastructures, y compris les établissements de santé, les réseaux d’approvisionnement en eau et les systèmes d’assainissement. Ce contexte de chaos facilite inévitablement la propagation d’épidémies comme celle du choléra.

Le choléra : un fléau récurrent en Afrique

Le choléra reste une maladie endémique dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, frappant régulièrement des populations déjà vulnérables, notamment dans les zones affectées par les conflits, les déplacements forcés ou les catastrophes naturelles. En République Démocratique du Congo, par exemple, le choléra sévit chaque année, particulièrement dans les provinces de l’est du pays. Les autorités y recensent des dizaines de milliers de cas annuellement, malgré des campagnes de vaccination et des efforts de prévention.

Les régions du Kivu et du Tanganyika, caractérisées par une forte densité de population et une mobilité constante due à l’insécurité, sont parmi les plus touchées. Le Mozambique, pays également confronté à de fréquentes inondations, a vu des épidémies de choléra se multiplier après le passage de cyclones tropicaux. En 2019, le cyclone Idai avait entraîné une explosion des cas à Beira, l’une des grandes villes côtières, avec plus de 6 000 infections recensées en quelques semaines.

Une réponse internationale encore inégale

Au Malawi, début 2023, le choléra avait causé plus de 1 000 morts, une des pires épidémies dans l’histoire récente du pays. L’épidémie y avait été alimentée par des pluies abondantes, des infrastructures hydrauliques défectueuses et une réponse sanitaire insuffisante dans les premiers mois.

Bien que des institutions comme l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ou Médecins sans frontières (MSF) interviennent régulièrement pour soutenir les pays touchés, les moyens disponibles restent largement insuffisants face à l’ampleur des besoins. Les campagnes de vaccination contre le choléra, avec des doses administrées par voie orale, ont montré une certaine efficacité. Cependant, la disponibilité des vaccins reste limitée, et les campagnes n’atteignent pas toujours les populations les plus à risque.

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