Soudan : le paludisme progresse à l’ombre du conflit et met en péril des millions d’enfants


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Un moustique vecteur de paludisme
Un moustique vecteur de paludisme

Alors que le conflit armé au Soudan entre dans une nouvelle année sans perspective de résolution, une autre crise, plus silencieuse mais tout aussi meurtrière, prend de l’ampleur. Le paludisme, déjà l’une des principales causes de mortalité infantile dans le pays, prolifère dans un système de santé dévasté.

L’UNICEF alerte sur une urgence sanitaire d’une ampleur dramatique, aggravée par l’effondrement des infrastructures. Les déplacements massifs de populations et le manque d’accès aux soins amplifient encore la crise. En pleine saison des pluies, des millions d’enfants sont aujourd’hui menacés par cette maladie évitable.

Un système de santé au bord de l’effondrement

Le conflit en cours a gravement affaibli le système de santé soudanais. Moins de 25 % des établissements fonctionnent dans les zones les plus touchées. Les populations déplacées s’entassent dans des camps surpeuplés, privés d’eau potable, d’assainissement et de soins de base. Dans ces conditions, la prévention du paludisme devient quasiment impossible. Les moustiquaires sont rares, les traitements difficiles d’accès, et les structures capables de diagnostiquer la maladie se font de plus en plus rares.

Des chiffres alarmants et probablement sous-estimés

En 2023, plus de 1,3 million de cas de paludisme ont été enregistrés au Soudan, ce qui a entraîné plus de 850 décès. Ces chiffres, tirés du dernier Rapport mondial sur le paludisme, sont très probablement en deçà de la réalité. Les difficultés de transmission des données dans un pays ravagé par les combats compliquent l’évaluation précise de la situation. Les enfants, en particulier ceux de moins de cinq ans, paient le plus lourd tribut. Ils représentent plus de 22 % des cas recensés et 16 % des décès. On estime que trois millions d’entre eux sont exposés à un risque élevé de maladies épidémiques, dont le paludisme reste l’un des fléaux les plus meurtriers.

Des initiatives humanitaires face à une urgence vitale

Malgré les conditions extrêmes, l’UNICEF, en partenariat avec le ministère soudanais de la Santé, le Fonds mondial et Gavi, tente de maintenir une réponse sanitaire d’urgence. Des moustiquaires imprégnées d’insecticide, des kits de diagnostic et des traitements antipaludiques sont distribués. La vaccination, quant à elle, avance lentement mais sûrement. En octobre 2024, 186 000 doses de vaccins antipaludiques sont arrivées dans le pays. Depuis, plus de 148 000 enfants en ont déjà bénéficié dans deux États pilotes. D’ici 2026, cette campagne sera étendue à 129 localités.

L’appel à la communauté internationale

L’UNICEF appelle à un engagement urgent et renforcé de la communauté internationale. L’organisation insiste sur la nécessité d’investir massivement pour renforcer les systèmes de santé locaux, assurer la continuité des campagnes de prévention et garantir l’accès universel aux soins. Face à une crise sanitaire qui se double d’un conflit armé, la réponse humanitaire ne peut être que collective et immédiate.

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