
Malgré une guerre toujours active et des conditions de vie précaires, des milliers de réfugiés soudanais installés en Égypte font le choix de rentrer chez eux. Portés par l’espoir d’un retour à la stabilité, ils défient les incertitudes pour retrouver leur terre, au cœur d’un pays meurtri mais en quête de renaissance.
Alors que la guerre civile continue de ravager certaines régions du Soudan, un phénomène inattendu se dessine : des milliers de réfugiés, installés en Égypte, prennent la route du retour vers leur pays d’origine. Malgré les ruines, les dangers et une situation humanitaire dramatique, ils sont de plus en plus nombreux à choisir de rentrer. Un espoir de stabilité, attisé par les récents succès militaires de l’armée soudanaise, semble les pousser à franchir la frontière vers un pays qu’ils avaient fui dans l’urgence.
Des retours massifs observés depuis le début de l’année
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a enregistré plus de 122 000 retours depuis l’Égypte entre janvier et avril 2025, soit presque trois fois plus que durant toute l’année 2024. Ce chiffre spectaculaire illustre un changement majeur dans la dynamique des déplacements de population. Le mois d’avril à lui seul a vu près de 50 000 retours, doublant ainsi le nombre de mars. Chaque jour, des bus quittent Le Caire, transportant des centaines de Soudanais vers les postes-frontières d’Ashkeet et d’Argeen.
Ces rapatriés, pour la plupart originaires de Khartoum et de la province d’Al Jazirah, savent qu’ils rentrent dans un pays profondément abîmé. Les combats ont laissé derrière eux des quartiers en ruines, sans eau potable ni électricité, où les services de base sont quasiment inexistants. Pourtant, beaucoup témoignent d’un fort désir de retrouver leur terre, leur famille, et une forme de normalité. Pour certains, comme Huzaifa Al-Mubarak, qui quittait Le Caire en bus, “le Soudan est redevenu un endroit sûr”. Ce sentiment est renforcé par la reprise de Khartoum par l’armée soudanaise en mars dernier.
Entre espoir de paix et incertitude persistante
La guerre entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR), débutée en avril 2023, a provoqué l’une des pires crises humanitaires mondiales, avec près de 13 millions de déplacés, dont plus de 4 millions réfugiés à l’étranger. Le retour de certains ne signifie pas la fin du conflit. Mais il traduit une volonté croissante de reconstruire, malgré l’absence de garanties sur la sécurité à long terme. L’OIM prédit que, si la tendance se poursuit, des centaines de milliers de réfugiés pourraient encore rentrer d’ici à la fin de l’année.
Ce regain d’espoir pourrait néanmoins se heurter à la dure réalité. L’aide humanitaire reste largement insuffisante, les infrastructures sont détruites, et l’économie est exsangue. Pour que ces retours se transforment en réinstallations durables, il faudra un engagement fort de la communauté internationale, des autorités soudanaises et une véritable avancée vers la paix. Pour l’heure, c’est avant tout l’attachement au pays, mêlé à une lueur d’espoir, qui guide le pas de ceux qui rentrent.