
Au Sud-Kivu, les collines résonnent à nouveau du fracas des combats. À Mulamba, petit village agricole, les habitants vivent reclus par peur des obus. Depuis le 8 août, l’armée congolaise et ses alliés affrontent le M23 dans une offensive d’une rare intensité.
Trois semaines après l’accord de paix de Doha, les espoirs de trêve s’effondrent déjà.
La trêve, vite oubliée
Le 19 juillet, Kinshasa et le M23 affirmaient vouloir tourner la page de la guerre. Un cessez-le-feu “permanent” était annoncé, fruit d’un accord politique censé mettre fin à des années de violences. Mais sur le terrain, les canons n’ont jamais vraiment cessé de tonner. Chaque camp accuse l’autre d’avoir ouvert le feu en premier, et la méfiance reste totale. « Kinshasa prépare un conflit à grande échelle », accuse Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23. Le gouvernement congolais, lui, parle d’une nouvelle provocation armée soutenue par Kigali.
Mulamba, nouvelle ligne de front
Depuis vendredi, Mulamba est devenue un champ de bataille. Des tirs à l’arme lourde et légère déchirent le silence des collines. Le M23 affirme avoir repoussé les FARDC et les milices locales après de violents combats. Dimanche, les deux camps ont envoyé des renforts massifs dans la zone. Un habitant, réfugié derrière un muret effondré, observe les bombes s’abattre de toutes parts.
Une population piégée
Les routes sont coupées, les marchés fermés, et les rares familles qui tentent de fuir doivent traverser des sentiers minés par la peur. Depuis la résurgence du M23 en 2021, plus de deux millions de personnes ont déjà été déplacées dans l’Est congolais. La guerre ne se contente plus de grignoter des territoires riches en minerais, elle dévore aussi les espoirs d’une vie normale.
Les accords se succèdent, les négociations se multiplient, mais la paix reste un mirage. Tant que la méfiance et les rivalités régionales persisteront, chaque signature sera effacée par le fracas des armes.