
L’ancien Ballon dOr africain et président libérien George Weah, prend la tête d’un panel inédit de 16 icônes du ballon rond pour transformer les stades en territoires de fraternité plutôt que de haine.
Le message résonne avec la force d’un tir au but décisif : « Nous voulons simplement profiter de notre sport. » Ces mots de George Weah, prononcés à Rabat lors de la première rencontre physique du panel Voix des joueurs de la FIFA, portent le poids d’une vie entière consacrée au football et à la lutte contre les discriminations.
L’ancien chef d’État libérien, unique Africain à avoir remporté le Ballon d’or (1995), endosse désormais un nouveau maillot : celui de capitaine d’honneur d’une équipe extraordinaire composée de 16 légendes du football mondial. Leur mission commune transcende les rivalités sportives d’antan pour s’attaquer à l’ennemi commun qui gangrène les tribunes et les terrains, le racisme.
Une légitimité forgée dans l’expérience
« J’ai été victime de racisme pendant ma carrière« , confie sans détour celui qui a illuminé les pelouses de Monaco, Paris et Milan. Weah transforme sa blessure personnelle en bouclier collectif, sa voix portant d’autant plus qu’elle émane d’un homme ayant connu les sommets sportifs et politiques.
Autour de lui, des champions venus des six confédérations convergent vers un objectif commun. Mercy Akide du Nigéria, Iván Córdoba de Colombie, Khalilou Fadiga du Sénégal, ou encore Lotta Schelin de Suède – chacun apporte son vécu, ses cicatrices invisibles, mais surtout sa détermination à bâtir un football où la couleur de peau ne détermine plus les chants dans les gradins.
De la parole aux actes
« Nous avons beaucoup parlé, le temps est venu de passer aux actes« , martèle Gianni Infantino, président de la FIFA, devant l’assemblée réunie au Maroc. Cette déclaration marque un tournant stratégique dans la bataille contre le racisme footballistique. Fini le temps des condamnations molles et des communiqués de circonstance.
Le panel s’articule autour de cinq domaines d’action concrets, privilégiant notamment la sensibilisation des jeunes générations. Juan Pablo Sorín, l’Argentin du groupe, a déjà ouvert le bal lors de la Coupe du Monde U-20 au Chili, dialoguant directement avec les futurs professionnels. Car c’est bien dans les vestiaires de demain que se forge le respect d’aujourd’hui.
Un football réconcilié avec ses valeurs
Les échanges avec les fédérations anglaise et allemande, pionnières en matière de lutte anti-discrimination, dessinent les contours d’une approche globale. L’implication du réseau FARE et le déploiement d’observateurs spécialisés lors des matchs témoignent d’une volonté de surveillance active plutôt que de simple réaction.
« La diversité fait de la FIFA ce qu’elle est aujourd’hui« , souligne Weah, voyant dans cette richesse multiculturelle la clé de la prospérité du football mondial. Son appel aux supporters résonne comme une invitation à retrouver l’essence même du sport : « Marchons ensemble vers le stade, chantons ensemble. »
Le timing de cette initiative n’est pas anodin. Approuvée à l’unanimité par les 211 associations membres lors du Congrès de Bangkok en mai 2024, elle répond à une urgence que plus personne ne peut ignorer. Les incidents racistes se multiplient, empoisonnant l’atmosphère des stades et ternissant l’image d’un sport censé unir les peuples.
Weah et ses coéquipiers d’honneur incarnent une nouvelle forme de résistance : celle d’anciens guerriers du rectangle vert devenus ambassadeurs de paix. Leur crédibilité sportive leur confère une autorité morale que peu peuvent contester. Quand un Ballon d’or vous demande de cesser les insultes racistes, l’argument porte différemment que s’il émane d’une instance administrative. « Nous sommes tous dans le même bateau », conclut l’ex-président libérien, filant la métaphore maritime pour décrire cette traversée collective vers « un monde de prospérité, de solidarité et de paix.«



