Fouzi Lekjaa met la pression sur Walid Regragui : la CAN 2025, une victoire ou rien pour le Maroc


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Fouzi Lekjaa, président de la FRMF
Fouzi Lekjaa, président de la FRMF

Depuis Salé, où il s’est exprimé devant la presse, Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), a envoyé un message fort : la victoire à la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN) n’est plus un objectif, mais une exigence nationale. À quelques mois du coup d’envoi, prévu début décembre 2025 sur le sol marocain, le ton est donné : il ne s’agit plus simplement de participer, mais de triompher. Et ce, près d’un demi-siècle après le sacre de 1976, toujours unique dans l’histoire des Lions de l’Atlas.

La tenue de la CAN 2025 au Maroc représente bien plus qu’un classique tournoi continental. Pour Fouzi Lekjaa, il s’agit d’un test grandeur nature avant la Coupe du monde 2030 que le Royaume organisera conjointement avec l’Espagne et le Portugal. Dans cette perspective, tout a été mis en œuvre pour offrir des conditions optimales, tant pour les équipes que pour les supporters. « Les stades de Casablanca, Marrakech, Agadir et Fès sont prêts. Le Complexe Moulay Abdallah de Rabat sera opérationnel en septembre, et celui de Tanger suivra rapidement », a-t-il précisé.

L’investissement dans les infrastructures est colossal, mais il répond à une double logique : réussir la CAN et démontrer la capacité du Maroc à accueillir un événement planétaire.

Une ambition non négociable : remporter la CAN

Lekjaa n’a pas manqué de souligner que ces rénovations et constructions ont été réalisées avec une expertise 100% marocaine, ce qui constitue, selon lui, une source de fierté nationale. En bon stratège, il insiste également sur l’effet levier que cette compétition peut avoir pour le football local, dans la perspective de 2030. Mais au-delà des infrastructures, c’est surtout sur le terrain que les attentes sont les plus fortes. Pour Lekjaa, la victoire en 2025 est devenue une obligation morale et symbolique : « Cette longue attente du titre continental a failli devenir un complexe dans l’histoire du football marocain ».

La frustration des dernières éditions, notamment la sortie prématurée en quarts de finale face à l’Égypte en 2022, est encore vive dans les esprits. Face à cette pression, le patron de la FRMF appelle à une mobilisation nationale : autorités, staff technique, joueurs, journalistes et supporters sont invités à faire bloc autour de la sélection. Le message est clair : aucun relâchement ne sera toléré, et chaque acteur doit se sentir responsable du sort des Lions de l’Atlas. L’exigence de résultats n’est pas un simple slogan pour Fouzi Lekjaa ; elle a déjà dicté plusieurs de ses décisions passées.

Fouzi Lekjaa et les sélectionneurs : des exigences et des ruptures

Le président de la Fédération n’a jamais hésité à faire des choix forts, parfois impopulaires, lorsqu’il estimait que le cap n’était pas respecté. Il suffit de se remémorer les départs parfois brusques de plusieurs sélectionneurs ces dernières années. En 2019, après l’échec en huitièmes de finale de la CAN contre le Bénin, le Français Hervé Renard avait quitté son poste. Officiellement, il s’agissait d’une séparation à l’amiable, mais dans les coulisses, de nombreuses sources évoquaient une pression croissante venant de la Fédération et un manque de confiance réciproque.

Vahid Halilhodžić a vécu une situation similaire. Bien qu’il ait qualifié le Maroc pour la Coupe du monde 2022, son style de jeu jugé rigide, ses relations tendues avec plusieurs cadres de l’équipe, notamment Hakim Ziyech, et sa gestion autoritaire n’ont pas convenu à la vision de Lekjaa. Ce dernier n’a pas hésité à remercier le technicien bosnien quelques mois avant le Mondial, au profit de Walid Regragui, dont la nomination fut d’ailleurs largement saluée après le parcours historique du Maroc au Qatar.

Un climat sous pression pour le staff actuel

Mais même Regragui, porté en héros après la demi-finale mondiale, n’échappe pas aux attentes royales. Lors de la CAN 2023 (disputée en 2024 en Côte d’Ivoire), l’élimination en huitièmes de finale contre l’Afrique du Sud a jeté un froid. Fouzi Lekjaa, sans pointer directement du doigt le sélectionneur, a multiplié les déclarations fermes sur la nécessité de résultats concrets et d’une préparation sans faille. Aujourd’hui, Walid Regragui reste en poste, mais la pression n’a jamais été aussi forte.

Chaque sortie médiatique de Lekjaa est scrutée, analysée, interprétée. Le message implicite est constant : seuls les résultats compteront. À huit mois du coup d’envoi de la CAN, la continuité de Regragui dépendra très probablement du comportement de l’équipe lors des matchs de préparation, mais surtout de la manière dont les Lions de l’Atlas entameront la compétition. Fouzi Lekjaa a déjà prouvé qu’il n’hésite pas à trancher si le niveau d’exigence fixé n’est pas atteint. La victoire à la CAN est désormais liée à l’image du pays.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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