
De la harissa artisanale exportée depuis Londres à l’intelligence artificielle révolutionnant l’aquaculture, la Tunisie confirme son statut de hub entrepreneurial en Afrique du Nord.
Le verdict du prestigieux classement Forbes Middle East « 30 Under 30 » 2025 est tombé : la Tunisie y place cinq lauréats. Avec cette performance, le pays se hisse parmi les nations les mieux représentées du Maghreb, devançant l’Algérie et le Maroc. Ce chiffre révèle un écosystème en pleine effervescence, capable de projeter son savoir-faire bien au-delà de la Méditerranée.
Cette cuvée 2025 se distingue par un équilibre entre innovation technologique, rayonnement culturel et impact social. Voici les parcours de ces cinq jeunes prodiges qui incarnent le dynamisme tunisien.
1. AquaDeep : L’IA au service de l’aquaculture durable
Catégorie : Science & Technology Lauréats : Mohamed Ben Ahmed, Mohamed-Ali Chaambi et Youssef Chahed (26 ans)
C’est une success-story collective. Fondée en juin 2021, la startup AquaDeep place l’intelligence artificielle et l’Internet des objets (IoT) au cœur des bassins d’élevage. Leur innovation majeure, le système OXYGEN, répond à un problème critique des écloseries : le comptage des larves. Là où l’estimation manuelle est faillible, AquaDeep utilise la vision par ordinateur pour compter les larves avec une précision record de 95%.

« À partir de caméras et d’algorithmes, nous recommandons la bonne quantité d’oxygène et d’aliments. Cela réduit les coûts de production et augmente le taux de survie des larves », explique Mohamed Ben Ahmed, cofondateur.
Aquadeep a déjà reçu le prix de l’innovation au salon FrancoTech 2024 ainsi qu’une reconnaissance par la FAO.
2. Lamiri Harissa : Le terroir tunisien à la conquête de Londres
L’histoire de Sam Lamiri est celle d’une diaspora connectée à ses racines. Durant la pandémie, ce Tuniso-britannique lance Lamiri Harissa à Londres, armé d’une recette familiale envoyée par son cousin depuis la Tunisie.
Ce qui commence par des livraisons à vélo dans le sud de Londres se transforme en empire du goût en moins de quatre ans. En adaptant ce produit phare du terroir tunisien aux standards du packaging et de la distribution modernes, Sam Lamiri a réussi un pari fou.
L’impact en 2024 plus de 35 000 unités vendues. Une présence dans 200 points de vente au Royaume-Uni et export vers 16 pays (USA, Canada, Koweït, Australie).
3. Hayfa Sdiri : L’entrepreneuriat comme levier social

Hayfa Sdiri représente la nouvelle vague de leaders pour qui le profit ne va pas sans l’impact. Son parcours commence très tôt, à 18 ans, avec la création d’Entr@crush, un incubateur démocratisant l’accès à la formation entrepreneuriale via des contenus en dialectes arabes.
Repéré par le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), son projet est devenu le socle des SDG Camps, un programme qu’elle a piloté pour toucher plus de 10 000 jeunes Tunisiens, ciblant spécifiquement les zones marginalisées.
Aujourd’hui Chief Impact Officer chez RIVET, une plateforme internationale de microfinancement, elle change d’échelle. Son ambition : Distribuer un million de micro-subventions. Déjà plus de 1 300 projets jeunes soutenus dans 66 pays.
Pourquoi la Tunisie performe-t-elle ?
La présence de cinq Tunisiens dans ce classement n’est pas un hasard. Elle valide la maturité d’un écosystème soutenu par :
- Des talents ingénieurs : La qualité de la formation technique tunisienne (illustrée par l’équipe AquaDeep).
- Une diaspora active : Le « pont » créé par des entrepreneurs comme Sam Lamiri.
- Des structures d’appui : L’impact de dispositifs comme le label Startup Act, Smart Capital ou le Tunisia Innovation Hub.
Ces jeunes prouvent que l’innovation « Made in Tunisia » est exportable et compétitive, qu’il s’agisse d’algorithmes complexes ou de produits agroalimentaires traditionnels.



