
La prolongation inattendue des négociations entre le Sénégal et le Fonds Monétaire International (FMI) est loin d’être un simple contretemps diplomatique. Malgré les assurances d’une délégation qui a quitté Dakar ce jeudi 6 novembre sans avoir conclu d’accord pour un nouveau prêt, les conséquences financières du report se sont manifestées dès le lendemain.
L’absence d’un signal clair du FMI, attendu pour stabiliser l’économie et rassurer les créanciers, a entraîné une chute brutale de la confiance des marchés et met sous pression les finances publiques sénégalaises.
Chute brutale des obligations et inquiétude des investisseurs
Le signal d’alarme le plus immédiat est venu des marchés financiers. Dès le vendredi 8 novembre, les obligations souveraines du Sénégal, les fameux euro-bonds, ont enregistré une baisse de 5%. Il s’agit de la chute la plus importante observée depuis sept mois, une preuve claire de l’inquiétude grandissante des investisseurs face à ces négociations qui s’éternisent.
L’absence d’un accord rapide avec le FMI, pourtant déterminé à venir en aide au pays, envoie un message négatif aux créanciers. Cette instabilité contraint le Sénégal, qui doit impérativement emprunter pour couvrir ses dépenses courantes, à se tourner vers des prêts à des taux de plus en plus élevés.
La dette dévore les ressources publiques
L’impact de cette spirale négative est directement ressenti dans le budget de l’État. Contraint d’emprunter à des taux plus coûteux, le service de la dette sénégalaise s’envole. Selon la loi rectificative des finances de 2025, le Sénégal devra mobiliser 30% de ses ressources en 2026 simplement pour rembourser sa dette et ses intérêts. Ce montant représente quasiment l’équivalent des budgets nationaux de l’Éducation et de la Santé réunis.
La dette publique globale reste préoccupante, avec un taux récemment réévalué à 132% du PIB. Face à cette pression grandissante, l’État aurait même sollicité le secteur bancaire local pour un rééchelonnement de sa dette détenue à 60% par ces institutions, selon plusieurs sources.
Le FMI salue les efforts, mais exige plus de transparence
Malgré l’absence d’accord, le FMI a tout de même salué les « progrès notables » réalisés par le gouvernement, notamment dans le traitement du dossier de la dette cachée et la publication de la dette. La mission a également noté l’objectif ambitieux des autorités de mobiliser de nouvelles recettes via des taxes sur les jeux de hasard et les transferts mobiles, ainsi qu’une suppression progressive des exonérations fiscales.
Cependant, le FMI insiste sur la nécessité d’« actions plus décisives » et recommande le renforcement des réformes de gouvernance et de transparence budgétaire. Des lacunes demeurent, notamment dans la gestion de la dette et le traitement des arriérés intérieurs de paiement. Le FMI et les autorités sénégalaises ont convenu de poursuivre les discussions à distance dès la semaine prochaine. Ils soulignent l’urgence de trouver un terrain d’entente pour restaurer la confiance des marchés et consolider durablement les finances du pays.



