Justice et politique : le Sénégal face à une expertise internationale sur des détentions


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Justice Sénégal
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L’arrestation de deux figures politiques proches de l’ancien président Macky Sall, le député Farba Ngom et l’ex-ministre Moustapha Diop, prend une nouvelle ampleur. Leurs avocats français dénoncent une détention arbitraire et une instrumentalisation politique de la justice sénégalaise.

Pour renforcer leurs accusations, ils ont fait appel à un expert international en droits de l’homme, dont les conclusions seront présentées devant plusieurs instances mondiales.

Des affaires financières au cœur des tensions

Farba Ngom a été arrêté le 27 février 2025, et Moustapha Diop le 22 mai. Tous deux sont soupçonnés d’implication dans des affaires financières. Ces arrestations surviennent dans un climat post-électoral tendu, marqué par une série de poursuites qui visent des responsables de l’ancien régime.
Selon Maître Antoine Vey, l’un des avocats français mandatés, « le pouvoir utilise la justice comme un outil politique ». Pour lui, ces procédures traduisent la volonté de neutraliser des opposants plutôt que de servir la vérité judiciaire.

L’arrivée d’un expert des Nations Unies à Dakar

Afin de contester la légalité de ces détentions, le cabinet Vey & Associés a mandaté, le 5 novembre 2025, le professeur Mads Andenæs, juriste norvégien et ancien président du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire. Il conduit actuellement une mission indépendante à Dakar, les 5 et 6 novembre, pour analyser la situation des deux hommes politiques. Cette visite vise aussi à évaluer plus largement les atteintes aux libertés publiques au Sénégal.

Selon la défense, cette mission représente une expertise internationale majeure sur les droits fondamentaux. Elle relance le débat sur l’indépendance réelle de la justice sénégalaise, déjà fragilisée par plusieurs controverses récentes.

Une stratégie tournée vers la scène internationale

Les avocats de Farba Ngom et Moustapha Diop comptent désormais internationaliser le dossier. Le rapport de Mads Andenæs sera transmis aux instances onusiennes et européennes compétentes. En s’appuyant sur la réputation mondiale de cet expert, la défense espère légitimer ses accusations et accentuer la pression sur les autorités sénégalaises.
Cette stratégie démontre une évolution notable : de plus en plus de responsables politiques africains poursuivis en justice choisissent de porter leurs combats devant la communauté internationale. Ils espèrent y trouver écoute et soutien face à des systèmes judiciaires jugés partisans.

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Fidèle K est journaliste et rédactrice spécialisée, passionné par l'Afrique et ses dynamiques politiques, culturelles et sociales. A travers ses articles pour Afrik, elle met en lumière les enjeux et les réalités du continent avec précision et engagement.
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