
La capitale sénégalaise s’est embrasée contre la flambée du prix de l’électricité. À l’appel du collectif Noo Lank, des manifestants ont défilé à Dakar pour dénoncer des factures jugées insoutenables et un gouvernement accusé d’inaction.
À Dakar, la colère monte. Vendredi 17 octobre, des dizaines de manifestants ont battu le pavé pour dénoncer les tarifs de l’électricité jugés insoutenables. À l’appel du collectif citoyen Noo Lank, soutenu par l’APR, le parti de l’ancien président Macky Sall, les participants ont crié leur ras-le-bol face à la flambée des factures et à un pouvoir jugé sourd à leurs difficultés.
Des factures qui étouffent les ménages
Sous un soleil de plomb, les slogans résonnent dans les rues de la capitale : « Nous refusons ! ». Le message est clair : les Sénégalais ne supportent plus le coût de l’électricité. Pour une consommation identique, les factures s’envolent. « Ça coûte cher, excessivement cher même… Ce n’est pas normal ! L’heure est grave », s’insurge un père de famille, les yeux rivés sur les chiffres qui défilent sur son compteur prépayé.
Les ménages peinent à suivre. Dans un contexte d’inflation généralisée, la hausse du prix du kilowattheure devient insoutenable pour les foyers les plus modestes. Beaucoup estiment que le gouvernement ne fait pas assez pour amortir le choc.
Noo Lank réclame une refonte de la politique énergétique
Le collectif Noo Lank, connu pour ses mobilisations sociales depuis 2019, exige non seulement une révision immédiate des tarifs de la Sénélec, la société publique de distribution d’électricité, mais aussi une refonte complète de la politique énergétique nationale.
« La Sénélec vend moins qu’elle n’achète. On ne peut pas continuer à dépendre du fuel, beaucoup plus cher. Le Sénégal a du gaz et du pétrole : il faut les utiliser pour faire baisser le prix de l’énergie », dénonce Mohamed Diallo, secrétaire général du collectif.
Cette dépendance à l’importation du fuel pèse lourdement sur les coûts, alors même que le pays entre dans une ère d’exploitation de ses ressources naturelles. Pour beaucoup, cette situation illustre le paradoxe d’un État riche en potentiel énergétique, mais où l’électricité reste un luxe pour certains.
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De la colère sociale à la désillusion politique
La manifestation, d’abord centrée sur les tarifs, s’est vite transformée en tribune de mécontentement général. Dans les cortèges, les critiques ont visé le régime en place et les promesses non tenues du président Ousmane Sonko. « On voulait le changement, la justice, mais les choses ont empiré », confie Aïssata, militante déçue. « Sonko doit maintenant agir, donner des ordres pour nous soulager. »
Ces propos reflètent un sentiment de désenchantement grandissant chez une partie de la population, qui attendait un allègement du coût de la vie et un souffle nouveau après des années de crise politique.
Un mouvement qui s’étend au-delà de Dakar
Le collectif Noo Lank ne compte pas en rester là. Ses dirigeants ont annoncé la poursuite des manifestations dans les régions, jusqu’à ce qu’un système de tarification plus juste soit instauré. Le gouvernement, de son côté, reste silencieux. Mais la pression monte : dans les quartiers populaires de Dakar comme à Saint-Louis ou Kaolack, le mot d’ordre circule déjà.
Entre promesses d’exploitation du gaz national et réalité des factures salées, les Sénégalais réclament désormais des actes concrets. Et dans les rues de la capitale, un cri s’élève, unanime et déterminé : « L’électricité n’est pas un luxe, c’est un droit. »