Crise au Bénin : comment l’appui français et la riposte régionale ont mis en échec la tentative de coup d’État


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Macron et Talon
Emmanuel Macron et Patrice Talon

Le Bénin a vécu, dimanche dernier, l’une des journées les plus tendues de son histoire récente. Une tentative de coup d’État, menée à l’aube par un groupe de militaires, a brièvement plongé Cotonou dans l’incertitude avant d’être étouffée par une riposte nationale et régionale d’une ampleur inédite. Le gouvernement béninois a confirmé avoir sollicité un appui logistique de la France, tandis que le Nigeria et la CEDEAO ont activé, dans l’urgence, leurs mécanismes de défense collective. Retour sur une journée qui pourrait durablement marquer la stabilité politique en Afrique de l’Ouest.

Une attaque coordonnée, mais rapidement contenue

Tout commence dimanche au lever du jour, lorsque huit militaires apparaissent à la télévision nationale pour annoncer la destitution du président Patrice Talon. Dans la foulée, une centaine de mutins, lourdement armés, attaquent la résidence du chef de l’État. Mais l’opération, spectaculaire, tourne rapidement à l’isolement : aucune autre unité ne rejoint les putschistes, un signe interprété par Cotonou comme la preuve d’une « loyauté républicaine » de l’armée.

La Garde républicaine et les Forces armées béninoises déclenchent alors une contre-offensive soutenue. Selon le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè, chef de la Garde républicaine, les troupes loyalistes ont tenu « toute la journée » face aux assaillants, au prix de violents échanges de tirs. Les mutins finissent par abandonner leurs positions en laissant derrière eux « des corps et des blessés », sans qu’un bilan officiel ne soit communiqué.

Soutien français : surveillance, logistique et forces spéciales

Cotonou a également reconnu un soutien opérationnel de la France. Paris confirme être intervenu « en termes de surveillance, d’observation et de soutien logistique », à la demande des autorités béninoises. Le colonel Tévoédjrè a été plus précis : des forces spéciales françaises ont été dépêchées depuis Abidjan afin d’appuyer les opérations de ratissage une fois les putschistes repoussés des positions stratégiques.

Si Paris n’a pas détaillé l’ampleur de son engagement, cette coopération sécuritaire est la preuve de la relation étroite entre les deux pays, dans un contexte régional marqué par la multiplication des coups d’État. La tentative de putsch a provoqué une réaction quasi immédiate du Nigeria, géant régional et poids lourd de la CEDEAO. À la demande du gouvernement béninois, Abuja a ordonné des frappes aériennes ciblées pour soutenir les forces loyalistes.

Le Nigeria et la CEDEAO interviennent par voie aérienne

Selon le porte-parole de l’armée nigériane, ces opérations ont été menées conformément aux protocoles de sécurité régionale. Les avions de combat nigérians auraient notamment visé des positions où les putschistes s’étaient retranchés, dont la télévision nationale et un camp militaire. Dans la soirée, la CEDEAO a annoncé le déploiement immédiat de sa Force en attente, composée de contingents du Nigeria, de Sierra Leone, de Côte d’Ivoire et du Ghana.

Leur mission : sécuriser le territoire béninois et garantir la continuité de l’ordre constitutionnel. Cette mobilisation rappelle l’opération menée en Gambie en 2017, lorsque la CEDEAO avait contraint Yahya Jammeh à céder le pouvoir. À l’inverse, en 2023, l’organisation avait renoncé à intervenir militairement au Niger. Cette fois, la réaction a été rapide et coordonnée, signe d’une volonté de stopper l’escalade des crises dans la région.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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