Crimes en Ouganda : l’audience contre Joseph Kony fixée au 9 septembre


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Justice, Tribunal
Tribunal (illustration)

Pour la première fois de son histoire, la Cour pénale internationale (CPI) s’apprête à tenir une audience de confirmation des charges par contumace. Le chef de guerre ougandais Joseph Kony, toujours en fuite, est convoqué symboliquement devant la justice internationale le 9 septembre 2025. Accusé de crimes d’une extrême gravité, son absence ne freine pas le processus.

La Chambre préliminaire III estime que toutes les conditions sont réunies pour examiner les charges, même sans la comparution du suspect.

Un lourd passé de violence à l’examen

Joseph Kony est recherché depuis près de deux décennies. À la tête de la redoutable Armée de résistance du Seigneur (LRA), il aurait orchestré entre 2003 et 2004 dans le nord de l’Ouganda des atrocités inimaginables : meurtres, enrôlement d’enfants-soldats, viols, esclavage sexuel et mutilations. Il est aujourd’hui poursuivi pour 12 chefs de crimes contre l’humanité et 21 chefs de crimes de guerre. Son mandat d’arrêt, émis en 2005 et rendu public en octobre de la même année, reste à ce jour sans effet, malgré des recherches menées à l’échelle internationale.

L’absence du suspect, une faille pour la défense ?

La tenue de cette audience en l’absence de Kony suscite néanmoins des réserves, notamment du côté de la défense. Ses avocats dénoncent une menace sur son droit à un procès équitable. Pourtant, la Chambre préliminaire s’appuie sur l’article 61(2)(b) du Statut de Rome qui autorise une procédure préliminaire en cas d’impossibilité d’assurer la comparution de l’accusé. La CPI estime avoir rempli toutes ses obligations : notification des charges, tentative de convocation, campagnes de sensibilisation. Kony est officiellement désigné comme « personne réclamée restant introuvable ».

Un pas vers la justice, mais un procès encore lointain

L’audience du 9 septembre prochain vise uniquement à déterminer s’il existe des motifs substantiels de croire que Joseph Kony a effectivement commis les crimes dont il est accusé. En cas de confirmation, l’affaire ne pourra toutefois pas avancer vers un procès tant que le fugitif ne sera pas physiquement devant la Chambre de première instance. C’est donc une étape capitale, mais non définitive, dans une quête de justice qui se heurte encore à l’impunité.

Un précédent : l’affaire Ongwen

Cette affaire fait écho à celle de Dominic Ongwen, ancien enfant-soldat devenu commandant de la LRA, capturé et jugé par la CPI. En 2021, il a été condamné à 25 ans de prison pour une série de crimes comparables à ceux reprochés à Kony. Une décision qui avait marqué une avancée significative dans la lutte contre les exactions commises par la milice. Si Joseph Kony venait un jour à comparaître, son procès constituerait un moment historique pour la justice pénale internationale.

Vers une mobilisation renforcée

En parallèle, la CPI a demandé au Greffe d’intensifier les efforts de communication autour de cette audience inédite. Des mesures de sensibilisation doivent être mises en œuvre dès janvier 2025 pour informer les communautés affectées et le grand public. Car au-delà de la procédure juridique, cette audience par contumace représente une reconnaissance symbolique des souffrances endurées par les victimes.
L’absence de Joseph Kony dans le box des accusés ne fait donc pas obstacle à l’action judiciaire. Le 9 septembre prochain, la CPI ouvrira une page nouvelle dans son histoire, avec l’espoir que justice finira par rattraper l’un des criminels les plus recherchés d’Afrique.

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