
Le retrait du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de la course aux Législatives du 27 décembre 2025 est une étape importante dans la vie politique ivoirienne. En refusant de participer au scrutin, la formation de Laurent Gbagbo entend dénoncer un cadre électoral qu’elle juge biaisé et peu crédible. Cette décision ravive les tensions entre le pouvoir et l’opposition, fragilise les dynamiques d’alliance et soulève des interrogations sur la légitimité du futur Parlement et sur la qualité du processus démocratique en Côte d’Ivoire.
Lors de son comité central qui s’est tenu le 6 novembre 2025, le PPA-CI de Laurent Gbagbo a annoncé qu’il ne participerait pas aux élections législatives prévues le 27 décembre. Le parti estime que les conditions d’un scrutin libre et transparent ne sont pas réunies, selon un communiqué publié dans la soirée.
Une exclusion contestée à la Présidentielle
Le PPA-CI explique un environnement « socio-politique délétère, marqué par la répression, les persécutions et le harcèlement judiciaire ». Il évoque une « répétition des pratiques de manipulation électorale, la partialité persistante des institutions de contrôle et la répression continue de l’opposition », qu’il juge « signes avant-coureurs d’un nouveau braquage électoral en préparation ». Le parti affirme qu’il ne reconnaîtra pas les résultats s’il estime qu’ils ne reflètent pas la souveraineté populaire.
L’annonce du boycott s’inscrit dans un contexte de tension politique. Lors de la précédente Présidentielle, la candidature de Laurent Gbagbo avait été rejetée par le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire au motif qu’il ne figurait pas sur la liste électorale et n’avait pas obtenu les parrainages requis. Le PPA-CI a dénoncé cette décision comme un « mépris de la Constitution » et une exclusion politique injustifiée. En particulier, l’ancien Président avait été condamné en 2018 à 20 ans de prison dans une affaire de « braquage » de la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest), ce qui avait entraîné sa déchéance des droits civiques.
Alliances et divergences au sein de l’opposition
Il a été gracié en 2022, mais non amnistié, et sa radiation des listes électorales n’a pas été annulée. Le PPA-CI est membre du « Front commun » avec notamment le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), dont le président est Tidjane Thiam. Toutefois, alors que le PPA-CI a décidé de boycotter les législatives, le PDCI-RDA a, lui, fait le choix de participer au scrutin. Cette divergence traduit un éclatement tactique au sein de l’opposition.
En 2021, le PPA-CI avait participé aux législatives sous l’alliance avec le PDCI et obtenu 18 sièges. Cette fois, ce retrait annoncé pourrait affaiblir sa représentation parlementaire, tout en renforçant son rôle de dénonciateur du processus électoral. Pour le pouvoir en place, l’absence du PPA-CI ouvre potentiellement la voie à une victoire plus large des partis alignés avec l’État, dans un contexte où un des grands partis d’opposition ne concourt pas. Cela risque de limiter la pluralité du débat parlementaire et de fragiliser la légitimité perçue du futur Parlement.
Quelles répercussions pour le scrutin du 27 décembre ?
Pour l’opposition, le choix du boycott est double : il peut être vu comme un acte fort de protestation et de refus de légitimer un processus qu’elle considère verrouillé, mais il comporte aussi des risques, notamment celui d’un isolement politique, d’une perte d’influence institutionnelle et d’une absence de voix au Parlement pour défendre ses positions.
Pour les observateurs nationaux et internationaux, la tenue d’élections législatives sans la participation d’un acteur de premier plan comme le PPA-CI pose la question de la représentativité et de la sincérité du scrutin. Le contexte d’exclusion de leader et de faiblesse de l’opposition alimente les inquiétudes quant à la nature « pleinement démocratique » du processus.




