
Le patron de presse sénégalais, Madiambal Diagne, a été arrêté, ce mardi 21 octobre 2025 en France, une information confirmée par son avocat, William Bourdon. Cette arrestation intervient alors qu’un mandat d’arrêt international avait été émis à son encontre le 26 septembre 2025 par la justice sénégalaise, dans une affaire de rétrocommissions présumées estimées à plus de 32 millions d’euros.
Madiambal Diagne, directeur du groupe de presse Groupe Avenir Communication (éditeur du journal Le Quotidien), était visé par une enquête judiciaire. Les autorités sénégalaises lui reprochaient « plusieurs faits graves » : association de malfaiteurs, escroquerie sur les deniers publics, blanchiment de capitaux en bande organisée, et utilisation de facilités liées à une activité professionnelle. Le mandat d’arrêt international a été émis sur la base d’une information judiciaire ouverte par le pôle judiciaire financier à Dakar, après un rapport de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières) datant du 27 novembre 2020.
Fuite de fait et sortie du territoire contestée
Avant l’émission du mandat, Madiambal Diagne avait quitté le Sénégal via la Gambie, alors qu’il faisait l’objet d’une interdiction formelle de sortie du territoire. Il avait lui‑même annoncé être arrivé en France le 24 septembre 2025, précisant qu’il « se donnait quelques jours pour préparer sa défense ». Le fait qu’il ait quitté le Sénégal malgré l’interdiction a suscité de vives interrogations auprès des autorités sénégalaises.
Le 13 octobre 2025, Interpol a officiellement validé la demande d’arrestation internationale formulée par les autorités sénégalaises. Cette validation (via une notice rouge) signifie que Madiambal Diagne pouvait être recherché et arrêté dans n’importe quel pays membre, dont la France. C’est précisément en France, dans le département des Yvelines à l’ouest de Paris, qu’il a été interpellé, ce mardi 21 octobre.
Questions sur la liberté de la presse
L’arrestation est confirmée par plusieurs sources, notamment l’avocat de M. Diagne, et via les canaux de coopération judiciaire franco-sénégalais. Cette affaire revêt plusieurs enjeux. L’arrestation marque une escalade de la procédure. Il reste à déterminer les suites en France, notamment la présentation devant le parquet général, puis éventuellement une demande d’extradition vers le Sénégal.
Madiambal Diagne est connu pour sa proximité passée avec l’ex‑Président Macky Sall et pour son rôle critique envers le pouvoir en place. Certains de ses avocats dénoncent une procédure « instrumentalisée politiquement ». Comme patron de presse et éditorialiste, l’affaire soulève des questions sur la liberté de la presse, sur l’indépendance des médias et sur le traitement des enquêtes financières au Sénégal.
Procédure violant les droits de la défense ?
L’engagement d’Interpol et l’arrestation en France donnent à l’affaire une dimension transnationale, avec des implications pour la coopération judiciaire entre États. La défense de Madiambal Diagne a réagi en estimant que la procédure violait les droits de la défense, notamment en s’appuyant sur un rapport « unilatéral et non contradictoire ». Ses avocats ont saisi la chambre d’accusation financière de la Cour d’appel de Dakar pour demander l’annulation du mandat d’arrêt et la suppression de la notice rouge Interpol.