
L’actualité politico-judiciaire sénégalaise est secouée par une affaire retentissante impliquant Aliou Sall, ancien maire de Guédiawaye et frère de l’ex-Président Macky Sall. Ce dernier, ainsi que son épouse, fait désormais l’objet d’un contrôle judiciaire strict, suite à une enquête pour blanchiment de capitaux, association de malfaiteurs, corruption et trafic d’influence.
Un retour de parquet sous haute tension
L’ancien maire de Guédiawaye et frère de l’ex-Président Macky Sall est traqué par la justice sénégalaise. Aliou Sall et son épouse font désormais l’objet d’un contrôle judiciaire strict. Selon des sources judiciaires concordantes, confirmées par le journal Libération, le couple Sall a été présenté au juge ce week-end après un retour de parquet particulièrement tendu. À l’issue de cette présentation, Aliou Sall et son épouse ont évité le placement en détention grâce au versement d’une consignation de 240 millions de francs CFA. Cette somme a été exigée avant la décision de leur mise en liberté provisoire.
L’affaire trouve son origine dans des flux financiers suspectés de transiter par la société Sertem, active dans les domaines de la construction et de l’immobilier. Des sommes importantes auraient été perçues par le couple, sans justification claire, selon les enquêteurs. Le directeur général de Sertem, Léopold Ngom, a également été entendu par les autorités, avant d’être relâché.
Une liberté sous conditions strictes
Le dossier serait en lien avec des contrats douteux et des mouvements financiers irréguliers révélateurs d’un système de favoritisme présumé. Ces transactions auraient mis en lumière des mécanismes de trafic d’influence et de rétro-commissions impliquant des figures politiques de premier plan. Aliou Sall et son épouse restent libres, mais sous contrôle judiciaire sévère. Le juge d’instruction en charge du dossier a imposé deux obligations :
Interdiction de quitter le territoire sénégalais sans autorisation formelle de la justice ;
Présence obligatoire chaque fin de mois au cabinet du président du collège des juges du pôle financier, pour émarger.
Ces mesures visent à garantir la coopération du couple avec la justice tout en limitant les risques de fuite ou de perturbation du cours de l’enquête. Fait notable, l’épouse d’Aliou Sall n’est pas en simple position de témoin dans ce dossier. Elle est formellement inculpée pour association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux, à l’instar de son mari. Les magistrats instructeurs ont estimé que son implication présumée dans les opérations financières litigieuses justifie son placement sous contrôle judiciaire.
Une enquête emblématique de la lutte contre la corruption
Ce développement marque une intensification de l’enquête, qui dépasse désormais le seul cadre politique. Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre la corruption et les flux financiers illicites au Sénégal. Le Parquet financier, qui avait initialement requis un mandat de dépôt contre le couple sauf dépôt d’une caution de 572 millions de francs CFA, pourrait contester la décision des juges. Un appel n’est pas exclu, selon des sources proches du dossier.
Les autorités judiciaires poursuivent les investigations, et de nouvelles inculpations ou confrontations pourraient intervenir dans les semaines à venir. L’instruction reste ouverte, avec une attention particulière portée par le Pool judiciaire financier. Aliou Sall, connu pour sa proximité avec l’ancien chef de l’État Macky Sall, est depuis plusieurs années au centre de critiques concernant sa gestion des affaires publiques. Cette nouvelle mise en cause judiciaire risque de raviver le débat sur l’impunité supposée des élites politiques.