Algérie : de CNews à la fake news sur l’interdiction des bûches de Noël


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La fake news de Cnews sur les buches algériennes
La fake news de Cnews sur les buches algériennes

En quelques heures, une rumeur spectaculaire s’est imposée dans le débat médiatique français : l’Algérie aurait interdit la vente de bûches de Noël. Partie d’une séquence diffusée sur CNews, cette fausse information, stupide et démentie, a enflammé les réseaux sociaux et provoqué une vague d’indignation en Algérie. Entre ironie, fact-checking et dénonciation du traitement médiatique, cet épisode illustre la persistance de la désinformation sur l’Algérie, notamment dans certains médias français du Groupe Bolloré.

Une rumeur sans preuve devenue « information »

Tout est parti d’une affirmation simpliste et donc virale : les autorités algériennes auraient interdit la fabrication et la vente des bûches de Noël. Sur CNews, cette « information » est relayée comme un fait avéré, sans qu’aucune source officielle, décret, circulaire ou communiqué, ne soit citée. En quelques minutes, la rumeur devient l’incarnation d’une Algérie prétendument hostile aux traditions chrétiennes.

En réalité, rien de tout cela n’existe. Comme chaque année, des pâtisseries algériennes, notamment à Alger, Oran et Constantine, proposent des bûches de Noël. Ce dessert, devenu un classique des fêtes de fin d’année, ne fait l’objet d’aucune restriction ni interdiction. Aucun professionnel n’a rapporté le contraire.

La mécanique est connue : une fausse nouvelle à charge, jamais vérifiée, relayée car elle conforte un récit déjà bien installé dans certains médias.

En Algérie, la riposte par la moquerie et la vérification

La réaction, côté algérien, ne s’est pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, les internautes ont tourné la rumeur en dérision, photos de vitrines à l’appui. Les télévisions nationales ont rapidement démonté la fake news, citant CNews et exposant l’absence de la moindre preuve.

Des journalistes, blogueurs et médias ont replacé cette intox dans une tendance bien connue : celle d’un traitement caricatural de l’actualité algérienne menée par les médias du groupe Bolloré.

Une fake news symptomatique d’une dérive médiatique

L’affaire de la bûche de Noël n’est pas isolée. Ces derniers mois, plusieurs polémiques relayées par les médias du groupe Bolloré visaient déjà l’Algérie.

Exemple : la prétendue explosion du nombre d’étudiants algériens en France, présentée comme un signe de vague migratoire, s’est révélée n’être qu’une lecture volontairement biaisée de données administratives ordinaires.

Autre exemple, le mélange de chiffres concernant la reprise de nouvelles lignes aérienne par Air Algérie, ou le JDD  tente de faire croire que cela se fait au frais du contribuable français. Alors même que c’est le contraire…

Cette accumulation de désinformations met en évidence une tendance : transformer des faits neutres en récits anxiogènes sur l’Algérie, au service d’une ligne éditoriale de plus en plus assumée.

Une désinformation contre-productive

En multipliant les fake news sur l’Algérie, certains médias français alimentent paradoxalement la défiance et renforcent un sentiment d’injustice médiatique. Pour beaucoup d’Algériens, ces polémiques symbolisent une déconnexion croissante entre le pays réel et sa représentation dans les chaînes françaises.

L’épisode de la bûche interdite restera un exemple parlant de désinformation : vite diffusée, vite démontée, mais révélatrice d’un malaise profond dans la manière dont une partie du paysage médiatique français aborde l’Algérie.

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Ali Attar est un spécialiste reconnu de l'actualité du Maghreb. Ses analyses politiques, sa connaissance des réseaux, en font une référence de l'actualité de la région.
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