
Un pétrolier maltais a été pris pour cible jeudi au large de la Somalie par des assaillants lourdement armés. L’équipage du Hellas Aphrodite a réussi à se réfugier dans une zone sécurisée. Il a échappé de peu à la capture. Cet incident marque la première attaque d’un navire commercial depuis plus d’un an.
Il ravive les craintes d’un retour de la piraterie dans la Corne de l’Afrique, région longtemps sous haute surveillance internationale.
Un pétrolier chargé d’essence pris pour cible
L’attaque visait le pétrolier Hellas Aphrodite alors qu’il assurait une liaison entre Sikka, en Inde, et Durban, en Afrique du Sud. Le navire avait à son bord une cargaison d’essence. L’assaut a été confirmé par plusieurs sources, dont le Centre britannique des opérations maritimes commerciales (UKMTO) et la société de sécurité privée Ambrey.
Selon Ambrey, les assaillants sont probablement des pirates somaliens qui auraient intensifié leurs opérations ces derniers jours. Ils auraient même saisi un bateau de pêche iranien, l’Issamohamadi, pour l’utiliser comme base d’opérations mobile. Le navire a changé de cap et ralenti au moment de l’attaque.
L’équipage retranché dans la « citadelle »
Malgré l’abordage, l’opérateur du navire, Latsco Marine Management Inc., a confirmé que les 24 membres d’équipage sont « sains et saufs ». Ils ont réussi à se mettre en sécurité en se réfugiant dans la citadelle du navire, une pièce sécurisée et blindée conçue pour résister aux assauts.
Cependant, le navire ne disposait apparemment pas d’équipe de sécurité armée à bord, ce qui souligne la vulnérabilité des transporteurs maritimes face à cette nouvelle vague d’agressivité. Latsco a immédiatement activé son équipe d’intervention d’urgence pour coordonner les efforts avec les autorités.
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La piraterie relancée par l’instabilité régionale
Cette attaque est la plus significative contre un navire commercial depuis plus d’un an et intervient dans un contexte de recrudescence des actes de piraterie somalienne. Le Centre français de coopération et de sensibilisation à l’information maritime a averti d’une « série d’événements sans précédent » depuis mai 2024. Il a noté que les pirates sont « agiles, déterminés, se déplacent d’une zone à l’autre et ont une réelle portée. »
Les experts attribuent ce regain d’activité à deux facteurs principaux. Ils évoquent l’insécurité générée par les rebelles houthis du Yémen qui mènent des attaques dans le corridor de la mer Rouge, et détournent l’attention des forces navales internationales. L’utilisation accrue de bateaux de pêche capturés comme navires mères pour étendre le rayon d’action des pirates, est selon eux, la deuxième cause.
En 2024, le Bureau maritime international a déjà signalé sept incidents au large de la Somalie, principalement des bateaux de pêche capturés. Ce regain fait écho à 2011, année où la piraterie avait atteint son apogée et coûté alors 7 milliards de dollars à l’économie mondiale.
Réaction de l’Opération Atalanta
L’opération Atalanta de l’Union européenne, mission de lutte contre la piraterie dans la Corne de l’Afrique, a réagi en annonçant disposer d’un « atout » naval à proximité de la zone d’attaque et qu’elle « se rapprochait, prête à prendre les mesures appropriées ». Cette force a récemment émis une alerte pour informer les transporteurs maritimes que des attaques étaient désormais « presque certaines ».




