Somalie : la piraterie, un casse-tête pour la communauté internationale


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Rien ne semble pouvoir arrêter les groupes armés qui ont fait de la piraterie, dans le golfe d’Aden, leur principale activité. Malgré la forte présence de forces navales internationales au large de la corne de l’Afrique, les pirates somaliens ont attaqué, mardi, quatre bâtiments dont deux ont été capturés. Des experts estiment qu’une lutte efficace contre ce fléau doit prendre en compte le développement économique de la Somalie.

Quatre navires attaqués dont deux capturés en quelques heures. L’armada internationale déployée dans le golfe d’Aden ne semble pas dissuader les pirates qui y sévissent. Malgré la présence des patrouilles américaines et françaises au large de la Somalie, des flibustiers ont arraisonné, mardi, deux cargos : le grec Irene EM battant pavillon de Saint-Vincent-et-Grenadines, et le libanais Sea Horse, qui battait pavillon togolais. Plus tard dans la même journée, deux autres navires, un libérien et un américain, ont échappé aux attaques de ces pirates.

Ces prises surviennent quelques jours seulement après des opérations militaires américaines et françaises pour sauver des otages capturés. Vendredi, l’armée française était intervenue pour libérer cinq de ses compatriotes plaisanciers retenus par des pirates. Un des otages et deux malfrats ont été tués lors de cette intervention. Plus récemment, dimanche dernier, la marine américaine a dû, elle aussi, mener une opération pour libérer, des mains des pirates, Richard Phillips, le capitaine du Maersk Alabama, maintenu prisonnier pendant cinq jours sur un canot de sauvetage en plein océan Indien.

Barack Obama résolu à combattre le fléau

A la suite de cette opération, le président américain, Barack Obama, a affirmé qu’il était décidé à lutter contre le phénomène de piraterie qui est en pleine expansion au large de la Somalie. « Nous sommes résolus à stopper son augmentation », a-t-il déclaré en appelant au renforcement de la coopération internationale. Mais les pirates semblent encore plus déterminés. Lundi, le chef du groupe qui avait capturé le cargo américain Maersk Alabama et son équipage avait même promis de venger la mort de ses hommes tués par la marine américaine, rapporte l’AFP.

Atalante, la force navale européenne lancée en novembre dernier pour lutter contre ce fléau dans le golfe d’Aden, semble débordée. Forte de ses huit navires et ses deux avions de reconnaissance, elle a pour mission de protéger les navires du Programme alimentaire mondial (PAM) qui acheminent des aliments aux populations déplacées de la Somalie ; d’escorter les navires vulnérables transitant au large de la corne de l’Afrique, et d’assurer la dissuasion et la répression des actes de piraterie. Les moyens d’Atalante paraissent limités par rapport aux équipements sophistiqués utilisés par les pirates qui ont fait des prises d’otages une activité très lucrative. Ils auraient empoché près de 100 millions de dollars de rançon l’année dernière.

La solution se trouve en Somalie

Le Bureau maritime international (BMI), indique qu’au moins 17 navires et près de 300 membres d’équipage sont actuellement entre leurs mains. Au total, 140 bateaux ont été attaqués au large de la Somalie en 2008. Sur la même période, le nombre des actes de piraterie dans la région a augmenté de près de 200% par rapport à 2007.

Le golfe d’Aden est une route stratégique par laquelle transitent 30 % du pétrole brut mondial et 12 % du commerce maritime. Nombre d’observateurs s’accordent à dire que la clé d’une lutte efficace contre la piraterie dans le golfe d’Aden se trouve en Somalie. Ce pays, ravagé par une guerre civile depuis 1991, est en proie à des groupes armés et l’Etat y est quasiment absent. Des experts parmi lesquels Eric Frécon, un politologue spécialisé dans la piraterie maritime, interrogé par La Tribune de Genève, préconisent la restauration de l’autorité de l’Etat et la mise en place de politiques de développement économique du pays pour combattre durablement les pirates.

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