MONUSCO : pourquoi l’ONU renonce au retrait accéléré en RDC malgré l’accord Trump–Tshisekedi–Kagame


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Drapeaux de la RDC et du Rwanda
Drapeaux de la RDC et du Rwanda

Alors que son retrait progressif était enclenché depuis février, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) voit son mandat prolongé d’un an. Une décision du Conseil de sécurité motivée par la recrudescence des affrontements dans l’Est du pays et l’échec des initiatives diplomatiques à ramener la paix durablement.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé, vendredi, de prolonger d’un an le mandat de la mission de maintien de la paix en République démocratique du Congo (RDC). Cette mission, déployée depuis 1999, devait amorcer son retrait définitif après un désengagement progressif entamé en février dernier au Sud-Kivu. Cependant, la recrudescence des combats à l’Est du pays et la détérioration du contexte géopolitique régional ont conduit l’ONU à opter pour la prudence.

Le groupe rebelle du Mouvement du 23 mars (M23), se réclamant de la défense des Tutsis congolais, a relancé une offensive éclair en janvier dernier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. En quelques semaines, il s’est emparé de plusieurs villes clés, y instaurant des administrations parallèles.

Malgré son retrait du Sud-Kivu, la MONUSCO reste présente au Nord-Kivu et en Ituri avec environ 10 000 Casques bleus et plus de 1 000 officiers de police, alors que les forces congolaises peinent à contenir la violence.

L’accord de paix signé le 4 décembre dernier à Washington entre la RDC et le Rwanda, sous l’égide du président américain Donald Trump, avait ravivé un espoir d’accalmie. Mais le 9 décembre, les rebelles reprenaient le contrôle de la ville stratégique d’Uvira, au bord du lac Tanganyika, renouvelant ainsi les combats malgré la condamnation ferme du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce dernier a exigé le retrait immédiat du M23 et de ses soutiens présumés de l’armée rwandaise.

Une mission sous tension dans un contexte explosif

La résolution de l’ONU marque une suspension temporaire du processus de retrait, conditionné à un renforcement effectif de l’autorité de l’État congolais. L’instabilité persistante, l’effondrement de l’accès humanitaire et les déplacements massifs des civils ont rendu impossible toute réduction significative de la présence onusienne. La MONUSCO continuera donc d’opérer principalement au Nord-Kivu et en Ituri, avec un mandat renforcé de surveillance au Sud-Kivu.

Le Conseil de sécurité se dit également préoccupé par l’emploi croissant de drones kamikazes, de missiles sol-air et par les brouillages de signaux GPS observés dans les zones contrôlées par le M23. Ces menaces compliquent fortement les opérations humanitaires. Il dénonce en outre la persistance de l’exploitation illégale des minerais, principale source de financement des groupes armés.

Sur le plan diplomatique, la résolution soutient les efforts de médiation régionaux, de Luanda à Nairobi, de Washington à Doha, et réaffirme le rôle central de l’Union africaine. Elle encourage la mise en œuvre d’un cessez-le-feu permanent et appelle à une « communication stratégique dynamique » pour contrer la désinformation qui mine la légitimité de la MONUSCO.

Vingt-cinq ans après son arrivée en RDC, la mission onusienne demeure l’une des plus importantes et des plus exposées du système des Nations unies, face à un conflit que la communauté internationale tente toujours de contenir, faute de parvenir à le résoudre véritablement.

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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