En Afrique du Sud, la colère monte après l’interception d’une flottille humanitaire par Israël


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Afrique du Sud drapeau
Afrique du Sud drapeau

L’interception par Israël d’une flottille humanitaire en route pour Gaza, avec à son bord plusieurs figures sud-africaines, a déclenché une vague de colère en Afrique du Sud. À Pretoria comme dans d’autres villes, des manifestants réclament la fermeture de l’ambassade israélienne et appellent à honorer l’héritage de Mandela en défendant la cause palestinienne.

En Afrique du Sud, la tension est montée d’un cran après l’interception par Israël d’une flottille d’aide humanitaire en route pour Gaza. À Pretoria et dans plusieurs grandes villes, des centaines de manifestants ont défilé pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’« agression injustifiable » contre des volontaires pacifiques. Ces manifestations font écho à un sentiment profondément ancré dans la société sud-africaine : celui d’une solidarité historique avec la cause palestinienne, perçue à travers le prisme de sa propre lutte contre l’apartheid.

Des figures sud-africaines parmi les détenus

La colère s’est amplifiée lorsqu’il a été révélé que plusieurs Sud-Africains figuraient parmi les militants arrêtés par les forces israéliennes. Selon l’organisation Health Care Workers for Palestine – South Africa (HCW4P-SA), la flottille, baptisée Sumud (« fermeté » en arabe), comptait environ 50 navires et 500 volontaires venus de 47 pays.

Parmi les passagers sud-africains arrêtés se trouvent Nkosi Zwelivelile Mandela, petit-fils de Nelson Mandela, l’écrivaine Zukiswa Wanner, l’activiste Reaaz Moola, l’ergothérapeute Fatima Hendricks et l’entrepreneuse Zaheera Soomar. Les organisateurs affirment que les navires ont été attaqués à l’aide de canons à eau, que leurs communications ont été brouillées et que les volontaires ont été menacés par des armes à feu.

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Appels à des sanctions et à la fermeture de l’ambassade d’Israël

Devant l’ambassade israélienne à Pretoria, les slogans étaient clairs : « Libérez nos compatriotes ! », « Stop au génocide à Gaza ! », ou encore « Fermez l’ambassade d’Israël ! ». Des manifestants brandissaient des drapeaux palestiniens et des pancartes exigeant la fin des relations diplomatiques entre les deux pays. Nkrumah Kgagudi, l’un des organisateurs de la manifestation, a dénoncé un « crime contre l’humanité », estimant que « l’interruption de l’acheminement de médicaments à des populations civiles équivaut à une attaque contre le droit à la vie ».

Le HCW4P-SA a par ailleurs exhorté l’Association médicale mondiale à suspendre l’adhésion de l’Association médicale israélienne, et à rejoindre la campagne internationale de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS).

Un écho au passé de lutte contre l’apartheid

Pour beaucoup de Sud-Africains, le sort des Palestiniens résonne douloureusement avec leur propre histoire. « Notre pays a trop souffert de l’oppression pour rester silencieux face à celle des autres », a déclaré Khwezi Shongwe, une manifestante.

Depuis le début du conflit à Gaza, le gouvernement sud-africain s’est montré parmi les plus virulents dans la dénonciation des actions israéliennes. Pretoria a même porté plainte contre Israël devant la Cour internationale de Justice, l’accusant de commettre un génocide à Gaza.

Une mobilisation appelée à durer

Alors que la communauté internationale reste divisée, la société civile sud-africaine se montre, elle, unie et déterminée. D’autres rassemblements sont prévus dans les jours à venir dans tout le pays.

Pour beaucoup, ces manifestations ne sont pas seulement un geste de solidarité envers Gaza, mais aussi un rappel de la responsabilité morale de l’Afrique du Sud : celle d’honorer l’héritage de Mandela en défendant, partout, les peuples qui luttent contre l’injustice.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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