RDC–M23 : l’accord sur l’échange de prisonniers relance le processus de paix à Doha


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Signature, ce 19 juillet 2025 d'une déclaration de principes entre la RDC et l'AFC_M23 à Doha
Signature, ce 19 juillet 2025 d'une déclaration de principes entre la RDC et l'AFC_M23 à Doha

Un pas décisif vient d’être franchi dans les négociations entre la République démocratique du Congo (RDC) et la rébellion de l’Alliance Fleuve Congo/M23 (AFC/M23). Le comité mixte de surveillance de l’accord de Washington, réuni le 1er octobre dans la capitale américaine, a salué l’accord conclu sur l’échange de prisonniers et confirmé la reprise des discussions dès le 6 octobre à Doha, sous la médiation de l’État du Qatar.

Le processus de Doha pour le retour de la paix dans l’est de la RDC est en passe d’être relancé. C’est ce qui ressort de la dernière réunion du comité mixte de surveillance de l’accord de Washington.

L’échange de prisonniers, un geste de confiance

Selon Massad Boulos, conseiller principal du Président américain, Donald Trump, pour l’Afrique, l’accord d’échange de prisonniers constitue « une avancée majeure » dans la promotion de la paix en RDC. Cet accord prévoit la libération, sous supervision du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), de détenus des deux camps. Le CICR jouera un rôle central : identification, vérification et libération sécurisée des prisonniers.

Le ministre congolais de la Justice, Guillaume Ngefa, a souligné la rigueur du processus, précisant que les personnes impliquées dans des violations graves du droit international seront exclues de la mesure. Pour le gouvernement, cet échange s’inscrit dans un cadre humanitaire tout en respectant les obligations juridiques de l’État. Du côté de la rébellion, l’AFC/M23 affirme qu’environ 700 de ses partisans sont encore détenus par Kinshasa. La mise en œuvre du mécanisme nécessitera donc l’établissement et la certification de listes validées par toutes les parties prenantes.

Le processus de Doha relancé

Le comité mixte, qui réunit la RDC, le Rwanda, les États-Unis, le Qatar, le Togo (en tant que facilitateur mandaté par l’Union africaine) ainsi que la Commission de l’Union africaine, a exprimé son soutien à la poursuite des discussions à Doha. Washington a exhorté les deux camps à « profiter de cette dynamique pour progresser davantage vers la conclusion d’un accord de paix définitif ».

L’État du Qatar, déjà fortement impliqué depuis le lancement des négociations en septembre, a confirmé qu’un nouveau round s’ouvrira dans la semaine du 6 octobre. Ces pourparlers devront approfondir les points encore en suspens, notamment la réintégration des combattants et les garanties sécuritaires dans l’est de la RDC.

Un climat encore fragile

Malgré ces avancées, les tensions demeurent vives sur le terrain. Le comité a évoqué avec inquiétude la montée des violences à Uvira et Walikale, appelant toutes les parties à la retenue. Selon des sources proches du dossier, près de 1 500 militaires congolais avaient été envoyés dès janvier par la rébellion au camp de Rumangabo pour un « reconditionnement ». En avril, plusieurs combattants cantonnés au quartier général de la MONUSCO à Goma avaient été transférés à Kinshasa grâce à l’entremise du CICR.

La médiation internationale reste donc cruciale pour éviter un nouvel embrasement dans la région des Grands Lacs. Au moment où la RDC et l’AFC/M23 s’apprêtent à reprendre les pourparlers, la communauté internationale insiste sur la nécessité d’un compromis durable. « Le processus de Doha est essentiel à la mise en œuvre de l’accord de paix de Washington », rappelle le Département d’État américain. La prochaine étape, à Doha, sera ainsi décisive pour mesurer si la dynamique enclenchée par l’échange de prisonniers peut véritablement ouvrir la voie à une paix durable en RDC.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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