
La nouvelle vague de sanctions occidentales contre la Russie, visant notamment Rosneft, Lukoil et les exportations de gaz naturel liquéfié, bouleverse les équilibres du marché mondial de l’énergie. Pour l’Afrique, ces mesures se traduisent déjà par une hausse des prix, une pression sur les budgets et une recomposition des alliances énergétiques. Mais aussi par des opportunités pour les pays producteurs.
L’Union européenne et les États-Unis ont annoncé, fin octobre 2025, un nouveau train de sanctions ciblant les géants russes de l’énergie, Rosneft et Lukoil, ainsi que la flotte « fantôme » de tankers utilisés pour contourner les embargos précédents. L’objectif affiché est de réduire les revenus énergétiques de la Russie, au cœur de son effort de guerre en Ukraine.
Conséquence immédiate : les marchés pétroliers et gaziers ont bondi, avec une hausse d’environ 5 % du prix du baril.
Une onde de choc mondiale qui atteint l’Afrique
Bien que les sanctions ne visent pas directement le continent africain, leurs répercussions s’y font sentir. Une partie importante de l’Afrique, dépendante des importations d’hydrocarbures et de produits raffinés, subit de plein fouet la flambée des prix. Les pays importateurs voient leur facture énergétique exploser, alimentant l’inflation et la pression sur les devises.
Selon l’Institut français des relations internationales (IFRI), la Russie cherche désormais à rediriger ses exportations vers des marchés hors du bloc occidental, notamment en Afrique, où elle pourrait trouver de nouveaux débouchés. Mais cette réorientation comporte des risques : dépendance accrue, incertitude sur la qualité et la stabilité des approvisionnements et liens renforcés avec la Russie.
Inflation, dépendance et tensions sociales
La hausse des prix de l’énergie fragilise les équilibres économiques de nombreux pays africains. Le coût des carburants domestiques, de l’électricité et du transport grimpe, réduisant le pouvoir d’achat des ménages. Pour les gouvernements, les subventions énergétiques deviennent de plus en plus difficiles à maintenir.
Dans plusieurs pays, des tensions sociales liées au prix du carburant pourraient resurgir. L’expérience de es dernières années, marquée par des manifestations au Nigeria et au Sénégal après la suppression partielle des subventions, demeure dans les mémoires des politiques.
De nouvelles opportunités pour les producteurs africains
À l’inverse, les grands exportateurs africains comme le Nigeria, l’Angola, l’Algérie ou la Libye pourraient tirer parti du resserrement de l’offre mondiale. L’Europe, en quête de fournisseurs alternatifs, pourrait accélérer ses partenariats avec ces pays. L’Algérie, en particulier, consolide sa position de fournisseur stratégique de gaz naturel pour le continent européen, tandis que le Mozambique et la Tanzanie espèrent attirer davantage d’investissements dans le GNL.
Cependant, ces opportunités restent conditionnées à la fiabilité des infrastructures et à la capacité d’augmenter la production.
Pour les pays africains, le défi est donc de naviguer dans cet environnement mouvant sans devenir les victimes collatérales d’une rivalité mondiale qui ne les concerne pas directement.