Affaire Thomas Partey : l’embarras du Ghana face aux accusations de viol


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Thomas Partey
Thomas Partey

L’ancien international ghanéen et milieu de terrain d’Arsenal, Thomas Partey, a été inculpé vendredi de cinq chefs d’accusation de viol et d’un chef d’agression sexuelle par la police londonienne. Pendant trois ans d’enquête, le joueur ghanéen a continué d’évoluer normalement en Premier League, soulevant des questions sur la protection accordée par les institutions footballistiques britanniques. Au Ghana, pays natal du joueur, la réaction demeure étonnamment mesurée, contrastant avec l’ampleur du scandale outre-Manche.

Vendredi 5 juillet 2025, Thomas Partey, l’ancien milieu défensif d’Arsenal, a été officiellement inculpé de cinq chefs d’accusation de viol et d’un chef d’accusation d’agression sexuelle par le service de police métropolitain de Londres. Ces accusations, portées par trois femmes différentes, concernent des faits présumés survenus entre 2021 et 2022, période durant laquelle le joueur ghanéen évoluait encore sous les couleurs des Gunners et sous le maillot des Black Stars.

Une star déchue

Thomas Partey, né le 13 juin 1993 à Odumase Krobo, s’était imposé comme l’une des figures emblématiques du football ghanéen. Révélé à l’Atlético Madrid en 2012, il avait participé à la finale de la Ligue des champions en 2016 avant son transfert à Arsenal en octobre 2020 pour 50 millions d’euros.

Au cours de ses cinq saisons londoniennes, Partey a disputé 167 matchs toutes compétitions confondues, s’imposant comme un élément central du dispositif de Mikel Arteta malgré des blessures récurrentes. Son contrat, arrivé à échéance le 30 juin dernier, n’a pas été renouvelé par le club, une décision qui prend aujourd’hui une résonance particulière.

Au niveau international, Partey comptait 53 sélections avec les Black Stars et avait été élu meilleur joueur ghanéen en 2018 et 2019, devenant une figure respectée de son pays.

L’aspect le plus troublant de cette affaire réside dans la gestion institutionnelle des accusations. Depuis février 2022, date du dépôt de la première plainte, Thomas Partey a continué d’évoluer normalement avec Arsenal, disputant des matchs cruciaux en Premier League et en Ligue des champions.

Le système britannique offre traditionnellement l’anonymat aux suspects dans les premières phases d’une enquête policière. Dans le cas Partey, bien que son identité n’ait jamais été officiellement révélée par les autorités, les supporters et médias avaient rapidement identifié le joueur concerné. Malgré cela, Arsenal a maintenu sa position, permettant au milieu de terrain de continuer sa carrière comme si de rien n’était.

La fureue médiatique anglaise et le silence du Ghana

Des experts juridiques questionnent cette approche. Dino Nocivelli, avocat spécialisé dans les affaires d’abus dans le sport, avait déclaré au Telegraph qu’autoriser Partey à continuer de jouer « envoyait clairement un mauvais message pour des accusations aussi graves que le viol et l’agression sexuelle« . Selon lui, le club aurait dû suspendre le joueur pendant la durée de l’enquête.

Aujourd’hui, cette protection du joueur et son maintien dans l’équipe d’Arsenal fait la Une de la presse anglaise qui s’en émeut. A travers cette affaire, c’est l’ensemble du système judiciaire qui est critiqué. Mais, contraste saisissant avec l’attention médiatique britannique, la réaction ghanéenne demeure remarquablement mesurée. Dans la presse lovcale, l’information a été relayée de manière factuelle par les principaux médias sportifs comme GhanaSoccernet et GhanaWeb, mais sans le sensationnalisme observé ailleurs. Les articles se contentent généralement de reprendre les déclarations de l’avocat de Partey, Jenny Wiltshire, qui martèle que son client « nie toutes les accusations portées contre lui« .

La Fédération ghanéenne de football (GFA) maintient un silence total sur l’affaire. Aucune déclaration officielle n’a été publiée, et les dirigeants interrogés se retranchent derrière la formule habituelle du « pas de commentaire sur les procédures judiciaires en cours« .

Au niveau populaire, les réactions restent discrètes. Sur les réseaux sociaux ghanéens, certains supporters continuent de soutenir leur « héros national« , invoquant la présomption d’innocence. D’autres, plus critiques, questionnent l’image que renvoie le joueur et son impact sur la réputation du football ghanéen. Mais dans l’ensemble il y a peu de réactions. Pourtant, en 2022, lors des premières rumeurs d’accusations de viol, des voix s’étaient élevées sur les réseaux sociaux pour critiquer le comportement présumé de Partey, mais ces réactions avaient rapidement été étouffées.

Vers un dénouement incertain

Thomas Partey comparaîtra devant le tribunal de Westminster le 5 août prochain. Cette audience marquera le début d’une procédure judiciaire qui pourrait durer plusieurs mois. En attendant, le joueur de 32 ans se retrouve sans club, sa carrière suspendue aux aléas de la justice britannique.

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Amadou Atar est une référence dans le monde du football africain. Il est précis et objectif dans ses articles, même si on ne peut lui enlever un penchant historique pour le mythique club français de Saint-Etienne où sont passés plusieurs des plus grands joueurs africains de l'histoire
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