Affaire Ravatomanga : la détresse des 4 000 salariés de Sodiat


Lecture 4 min.
Mamy Ravatomanga
Mamy Ravatomanga

En Afrique du Sud, une enquête explosive vise Duduzile Zuma, accusée d’avoir recruté des jeunes Africains envoyés malgré eux en zone de guerre russe. Les familles, laissées sans nouvelles depuis des mois, dénoncent un piège orchestré sous couvert de formation professionnelle.

Une véritable déflagration secoue la sphère économique et sociale malgache. Suite à la décision de la Cour suprême de Madagascar, rendue le 12 novembre 2025, ordonnant le gel intégral des avoirs et comptes bancaires du milliardaire Mamy Ravatomanga, les 4 000 employés de son groupe, Sodiat, sont descendus dans la rue. Samedi, des milliers de salariés ont manifesté leur vive inquiétude à Talatamaty. Elles redoutent la destruction de leurs entreprises et la perte de leur seule source de revenus.

4 000 salariés sur le carreau ?

La décision judiciaire du Pôle Anti-Corruption d’Antananarivo, qui vise Mamy Ravatomanga dans le cadre d’enquêtes pour blanchiment d’argent et trafic d’influence, a un impact immédiat sur le quotidien de milliers de Malgaches. Le gel des comptes du patron et de ceux du groupe Sodiat, désormais effectif, empêche le versement des salaires. Ces 4 000 hommes et femmes, qui représentent souvent la seule source financière de leur foyer, craignent la fermeture du groupe et de toutes ses branches d’activité.

« L’État n’a pas la capacité de fournir du travail à tout le monde. La fermeture du Groupe et de toutes ses branches d’activité, mettrait sur le carreau quatre milliers d’employés qui ont chacun un(e) conjointe et deux ou trois enfants à charge », alerte un manifestant, relayé par Midi Madagascar. C’est le sort de familles entières, privées de la possibilité de se nourrir, de se soigner ou d’envoyer leurs enfants à l’école, qui est désormais en jeu dans une économie déjà fragile.

Un appel pressant aux organisations internationales

Pancartes en main, les travailleurs ont scandé leur refus de voir la situation dégénérer : « Nous refusons la destruction de l’entreprenariat malgache ! », ou encore « Détruire les entreprises malgaches, c’est tuer les Malgaches ». Les manifestants dénoncent également un climat de peur, évoquant des perquisitions, pillages et destructions de biens des entités du groupe à Talatamaty, attribués à des individus « en uniforme ». Ils appellent les autorités à ne pas mêler règlements de compte politiques et survie des employés.

Face à cette crise sociale, les salariés ont lancé un appel pressant aux organisations internationales de défense des droits humains et du travail, dont l’Organisation internationale du Travail (OIT) et les Nations unies, à travers l’Examen périodique universel (EPU). Ils réclament l’ouverture d’une enquête indépendante, une mission d’observation internationale de la situation, ainsi que des garanties concrètes de protection des travailleurs. Les employés exigent le respect de leurs droits fondamentaux, le droit au travail étant déjà compromis, car ils se retrouvent privés de salaire.

Un patrimoine immobilier et vingt comptes bloqués

Pendant ce temps, l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga est toujours entendu à l’Île Maurice, où il avait été interpellé le 24 octobre 2025 par la Financial Crimes Commission. L’ordonnance de la Cour suprême, émise à la demande du Pôle Anti-Corruption, est particulièrement étendue.

Comme le note L’Express de Maurice, elle ordonne la saisie de l’ensemble de son patrimoine immobilier ainsi que le blocage d’une vingtaine de comptes ouverts auprès de plusieurs établissements bancaires, parmi lesquels BMOI, SBM, BNI, ABM et BRED. Comptes courants, épargne, dépôts à terme ou de garantie, aucun type de compte n’échappe au gel, dont l’exécution a été confiée à l’Agence de recouvrement des avoirs illicites.

Si la justice poursuit son cours, l’urgence pour les manifestants est avant tout humanitaire et sociale. Leur principale demande est le dégel immédiat des comptes bancaires du groupe Sodiat pour permettre le paiement des salaires, la protection des actifs du groupe et le respect total du droit du travail, dans l’attente que la lumière soit faite sur cette affaire.

Maceo Ouitona
LIRE LA BIO
Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News