Madagascar : Le nouveau chef d’État annonce une grande consultation nationale


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Colonel Randrianirina
Colonel Randrianirina

À Madagascar, le colonel Michael Randrianirina dévoile les contours d’une transition qui veut refonder l’État en profondeur. Le nouveau chef de l’État annonce une vaste consultation nationale pilotée par les Églises pour redéfinir la gouvernance du pays. Une refonte institutionnelle est engagée, avec référendum et présidentielle en ligne de mire.

Près d’un mois après avoir prêté serment en tant que « président de la refondation » de la République de Madagascar, le colonel Michael Randrianirina a fait sa première apparition télévisée dimanche 16 novembre. Lors de cette « causerie » pré-enregistrée, le nouvel homme fort d’Antananarivo a levé le voile sur le calendrier de la transition, axé sur une vaste concertation nationale pour bâtir un nouveau système de gouvernance.

Un processus en trois étapes sur deux ans

Succédant à Andry Rajoelina dans un contexte de tensions et de manifestations, le colonel Randrianirina a détaillé les étapes clés de la refondation qu’il entend mener sur une période de deux ans. Le processus doit démarrer par l’organisation d’une concertation nationale.

Cette initiative a pour objectif d’établir les bases du futur système de gouvernance et sera structurée des régions vers l’État central. Elle aura un pilotage de taille : la Confédération des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM). Le président a justifié ce choix en affirmant que la FFKM est la seule organisation capable de faire le lien entre les institutions et toutes les forces vives du pays, y compris l’opposition.

À l’issue de cette consultation, un référendum sera organisé pour valider les nouvelles bases institutionnelles auprès de la population, avant de déboucher, enfin, sur l’élection du nouveau président de la République.

Justice et lutte contre la corruption

Interrogé sur les rumeurs de « vengeance » à l’encontre des membres de l’ancien régime, Michael Randrianirina a été sans équivoque, dissociant clairement l’action judiciaire de toute motivation politique. Il a réaffirmé son serment de poursuivre les « grands pilleurs » du pays.

Plusieurs dossiers sensibles, notamment l’affaire de la Jirama (compagnie d’eau et d’électricité) et l’affaire SMGD, sont actuellement entre les mains de la justice et pourraient impliquer des proches de l’ancien président. Le colonel Randrianirina insiste sur la lutte contre la corruption comme un levier majeur de cette période de transition.

Parallèlement, il a rejeté toute qualification de « coup d’État » pour le renversement de son prédécesseur, affirmant avoir répondu à une crise institutionnelle profonde et à la volonté populaire.

Candidature et jugement du peuple

Le président de la refondation a également été questionné sur sa propre éventuelle participation à la future élection présidentielle. Michael Randrianirina est resté évasif, affirmant qu’il s’en remettrait entièrement au jugement des Malgaches.

« Ce sera au peuple de me dire ‘Présentez-vous à l’élection’ s’il estime que j’ai bien agi. S’il trouve en revanche que ça n’a pas été le cas, personne ne me demandera d’y aller et alors je me mettrai en retrait« , a-t-il déclaré, réclamant la patience de ses concitoyens et rappelant que la refondation du pays nécessitait l’effort et la participation de tous.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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