
L’arrivée de l’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga à l’île Maurice s’est transformée en imbroglio politico-judiciaire aux ramifications internationales. Interpellé par l’opposition devant le Parlement, le Premier ministre mauricien Navin Ramgoolam a dû s’expliquer sur les circonstances troubles de cet atterrissage.
Ce feuilleton mêle fuite de Madagascar, soupçons de trafic international et accusations de laxisme. Il secoue la classe politique mauricienne et pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la criminalité financière dans l’océan Indien.
Le mystérieux atterrissage du jet privé
La controverse a éclaté dans la nuit du 12 octobre. Le jet privé transportant Mamy Ravatomanga et ses proches a atterri à Maurice sans autorisation officielle, après leur fuite de Madagascar. L’opposition dénonce un scandale et accuse les autorités de complaisance.
Devant le Parlement, le 28 octobre, Navin Ramgoolam a reconnu une « succession troublante » de justifications fournies par le pilote. Le vol a d’abord été présenté comme une évacuation médicale. Puis il aurait été motivé par le tourisme, avant d’être finalement justifié par un manque de carburant. C’est ce dernier argument qui a permis au jet d’atterrir, car les autorités ont invoqué les normes internationales d’assistance en cas d’urgence.
Le Premier ministre a remis aux députés un rapport de neuf pages de l’Aviation civile mauricienne. Ce document conclut à un voyage prémédité. Il cite l’ancien Premier ministre malgache Christian Ntsay et mentionne un dîner de gala sponsorisé par une compagnie aérienne. Ce détail laisse penser que l’escale n’était pas fortuite.
Une affaire aux ramifications internationales
L’affaire Ravatomanga a désormais une portée mondiale. Navin Ramgoolam a affirmé que Maurice collabore étroitement avec le FBI. D’autres services d’enquête internationaux pourraient aussi se joindre aux investigations.
Le dossier ravive également le souvenir du scandale du « Triple 7« , la revente de cinq Boeing 777 immatriculés à Madagascar à une compagnie iranienne. Ces transactions auraient permis de contourner les sanctions américaines. Ravatomanga, longtemps considéré comme intouchable et proche de l’ex-président Andry Rajoelina, se retrouve désormais au centre d’un réseau mêlant trafics de bois précieux et transferts financiers suspects.
Soupçons de fraude médicale et de collusion
Dix-sept jours après son arrivée, le milliardaire est toujours hospitalisé dans une clinique privée mauricienne. Il a été arrêté le 24 octobre par la Commission des crimes financiers (FCC) avec deux complices présumés. Les autorités doutent de la gravité réelle de son état de santé. Le ministère de la Santé a donc envoyé une équipe de médecins pour une contre-expertise.
Devant les parlementaires, Navin Ramgoolam a ironisé : « Il est trop facile de feindre des problèmes cardiaques pour échapper à la justice. » L’opposition, elle, dénonce un manque de fermeté de la part du gouvernement. Les soupçons de collusion et de corruption se sont renforcés après la démission, dimanche, de Junaid Fakim, ex-commissaire de la FCC, chargé de cette enquête explosive.



