Omar Bongo laisse le Gabon dans l’incertitude


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Le doyen des chefs d’Etat africains, Omar Bongo Odimba, serait en Espagne dans un établissement spécialisé, accompagné de son médecin. Le Gabon reste privé de son président pour trois semaines, selon les sources officielles. Les interrogations se multiplient, tant parmi la population que dans l’opposition au sujet de la cessation de ses activités. A Libreville, on fait état d’un « laxisme » dans les administrations, et des apparitions radiotélévisées de plus en plus rares des membres du gouvernement.

Après l’annonce, le 6 mai dernier, de la suspension de ses activités, Omar Bongo, accompagné de sa fille Pascaline et de son médecin, serait, à Barcelone, en Espagne, selon RFI, où il doit observer un repos complet de trois semaines dans un établissement privé spécialisé. Les raisons de ce voyage, et surtout de cette suspension d’activités sont mal connues du public gabonais et demeurent « secrètes ». Dans le communiqué de la présidence de la République, lue le soir du 5 mai sur la chaîne du RTG, il est mentionné que « toutes les audiences présidentielles sont suspendues jusqu’à nouvel ordre », car le président a suspendu momentanément ses activités pour se reposer. Le bulletin officiel a indiqué que le président est gravement affecté par la disparition de sa femme Edith, le 14 mars dernier à Rabat au Maroc.

Omar Bongo à Barcelone dans un établissement spécialisé

Le chef d’Etat gabonais aurait pu se rendre en France pour se reposer et se soigner. Mais l’affaire des « bien mal acquis », qui fait du bruit en France, a dissipé cette idée. La Suisse aurait ensuite été envisagée pour être délaissée par le milieu présidentiel au profit de l’Espagne. Mais cette destination était trop marquée par le syndrome Mobutu Sésé Seko, à en croire Congopage.com. En 1997, quand le président Mobutu avait été chassé du pouvoir dans l’ex-Zaïre, il s’était rendu en Suisse, où il avait été soigné pendant de longs mois avant de décéder le 7 septembre 1997 à Rabat.

Même si les raisons profondes de ce déplacement ne sont pas connues, ce voyage en inquiète plus d’un au Gabon. Est-ce qu’Omar Bongo est sérieusement malade et qu’il le cache, comme ce fut le cas de sa défunte épouse Edith Bongo en mars dernier ? Que deviendrait le pouvoir au Gabon si le doyen le laissait ?

L’opposition craint la vacance de poste

L’opposition gabonaise nourrit des craintes quant à la vacance du pouvoir. Des inquiétudes renforcées par le récent exemple du Togo où Faure Gnassingbé a remplacé son père. Pour l’opposition, le fils du président, le ministre de la défense du Gabon, Ali Ben Bongo, serait prêt à succéder au doyen. Certains pensent plutôt qu’Omar Bongo a préparé sa fille Pascaline, 52 ans, directrice du cabinet présidentiel, à le remplacer. L’opposition craint donc un coup d’Etat constitutionnel. En effet, la constitution gabonaise prévoit qu’« en cas de vacance de la présidence de la République, pour quelque cause que ce soit, ou d’empêchement définitif de son titulaire constatés par la Cour constitutionnelle, le président du Sénat est chargé de supplier le chef de l’Etat. Le président intérimaire doit organiser une élection présidentielle 30 jours au moins et 45 jours au plus ».

Pendant qu’Omar Bongo se repose à Barcelone, Libreville tourne au ralenti. La population s’étonne que les membres du gouvernement qui « aiment tant les interventions radiotélévisées se fassent rares ». Certains agents de l’administration désertent leurs bureaux.

A 74 ans, Omar Bongo cumule 42 ans à la tête du Gabon. L’année 2009 s’annonce morose et difficile pour le doyen des chefs d’Etats africains, avec l’affaire des biens mal acquis, le décès de sa femme en mars dernier et sa santé qui serait défaillante. Certains commencent déjà à penser au début de la fin du plus ancien des chefs d’Etat africains.

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