Wagner au Mali : la terreur sous contrat


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Paramilitaires russes de Wagner
Paramilitaires russes de Wagner

Alors que Wagner a officiellement quitté le Mali en juin 2025, remplacé par l’Africa Corps, les forces maliennes et leurs alliés russes continuent les opérations violentes, ciblant notamment les populations peules. De récents rapports evoquent un bilan dramatique, entre exécutions sommaires, disparitions forcées et persécutions ethniques.

Depuis le début de l’année 2025, une vague d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées frappe les populations peules du Mali.

À Diafarabé, en mai 2025, au moins 22 Peuls enlevés sur un marché ont été retrouvés dans des fosses communes. Leurs corps étaient en état de décomposition avancée, selon des témoignages cités par Human Rights Watch. À Kwala, en avril, environ 60 hommes peuls avaient été arrêtés près du camp militaire, et entre 13 et 70 corps ont été retrouvés dans les jours suivants. Toujours en avril, dans la région de Kayes, 65 éleveurs et commerçants peuls auraient été exécutés après avoir été conduits vers une base de l’armée malienne.

Human Rights Watch estime dans son rapport publié en juillet que l’armée malienne et ses alliés russes ont exécuté au moins 12 hommes peuls et fait disparaître 81 autres civils depuis janvier. Les opérations de ratissage visent officiellement les groupes islamistes liés à Al-Qaïda (JNIM), mais sur le terrain, les arrestations et exécutions ciblent quasi exclusivement les civils peuls, assimilés collectivement à des complices jihadistes.

De Wagner à l’Africa Corps : des méthodes inchangées

En juin 2025, Wagner a officiellement quitté le Mali, mais sa structure a été remplacée par le groupe Africa Corps, une entité créée par le Kremlin pour poursuivre ses opérations en Afrique. Cette transition n’a pas mis fin aux abus. Les méthodes, dénoncées depuis le massacre de Moura en 2022, restent les mêmes : arrestations arbitraires, torture, exécutions sommaires, intimidations.

Un rapport des Nations unies d’avril 2025 a révélé la découverte de dizaines de corps près du camp militaire de Kwala, certains portant des marques de torture ou de balles à bout portant. L’ONU, Human Rights Watch et Amnesty International ont toutes appelé à l’ouverture d’enquêtes indépendantes et à la saisine de la Cour pénale internationale. Une note confidentielle transmise à la CPI en juillet recommande l’ouverture d’une enquête sur les activités du groupe Wagner en Afrique de l’Ouest.

Pourtant, le Mali reste sourd aux pressions internationales. Le gouvernement de transition continue de justifier ses opérations militaires par la lutte antiterroriste, tout en refusant toute coopération avec les missions d’enquête extérieures.

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Ali Attar est un spécialiste reconnu de l'actualité du Maghreb. Ses analyses politiques, sa connaissance des réseaux, en font une référence de l'actualité de la région.
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